Le chiffre est impressionnant. Plus de 7 500 personnes sont accueillies, tous les ans, au CHU de Lille pour des violences subies. Et souvent, elles vivent un véritable parcours du combattant pour être examinées, écoutées et déposer plainte, par des professionnels formés. Fin 2024, un lieu unique verra le jour au sein de l'hôpital Calmette, une première en France.
Elle s'appellera MAVIe, Maison hospitalière des victimes de violences et devrait ouvrir ses portes fin 2024. Le projet est ambitieux. Il vise à améliorer la prise en charge de ces personnes, souvent démunies, en mettant à leur service, dans une unité de lieu et d’espace, toutes les ressources qui leur sont utiles.
Un parcours simplifié, un lieu unique
"Après leur arrivée – généralement par l’un de nos services d’Urgences – elles seront orientées vers la Maison hospitalière des victimes où elles trouveront nos équipes de médecins spécialistes, pédiatres, psychiatres, légistes, psychologues, associations d’aide, assistantes sociales, etc. Elles pourront déposer plainte sur place, sans devoir se rendre dans un commissariat ou une gendarmerie, grâce au partenariat avec la Justice et les autorités de police. Elles pourront aussi trouver des réponses pour se mettre immédiatement à l’abri, par exemple des solutions de logement. Elles y recevront écoute, soutien et réconfort, et pourront y revenir en tant que de besoin" explique la direction du CHU.
C’est au cœur de l’hôpital Calmette réhabilité, proche des trois urgences, que prendra place cette maison, sur un plateau dédié de 1200 m².
Sur place, seront réunis tous les services permettant de mieux prendre en charge une personne victime de violences : médecins légistes, pédiatres, psychiatres, psychologues, associations d’aide aux victimes, forces de l’ordre pour le dépôt de plainte sur place, travailleurs sociaux… Ils disposeront de locaux adaptés.
"L'idée est de raccourcir les temps de prise en charge mais aussi de protéger la victime et ses droits" explique Frédéric Boiron, directeur du CHU de Lille. Il poursuit "Cette maison est dans l'enceinte hospitalière mais un peu à l'écart. C'est un vrai besoin, certaines victimes n'osent ou ne savent pas où s'adresser. Là elles pourront aller aux urgences ou directement à la MAVie".
Un juriste mobile pourra se déplacer à la rencontre des victimes identifiées dans les hôpitaux du CHU.
L'idée est de raccourcir les temps de prise en charge mais aussi de protéger la victime et ses droits.
Frédéric Boiron, directeur du CHU de Lille
Jusqu'à présent, la prise en charge des victimes est souvent complexe. Sans parcours complet identifié, certaines renonçaient à porter plainte et ne bénéficiaient pas un suivi adapté.
C'est l'unicité de temps et de lieu qui a motivé ce projet
Catherine Thomas, directrice des affaires juridiques du CHU de Lille
Catherine Thomas, directrice des affaires juridiques du CHU de Lille, raconte : "Pendant 20 ans, dans le cadre mon parcours préalable de magistrat, j'ai été confrontée souvent à cette détresse des victimes d'infractions sur lesquelles reposait la charge d'aller à des rendez-vous multiples, de prendre la peine de faire des efforts importants alors même que ce sont des moments de la vie où on est particulièrement vulnérables. C'est très difficile donc on perdait souvent le contact avec les victimes qui ne donnaient pas suite. J'espère qu'à travers ce projet, les victimes prises en charge au CHU de Lille auront un lieu d'écoute. C'est l'unicité de temps et de lieu qui a motivé ce projet".
Un projet inédit
Ce sera une première en France. Un parcours coordonné dans un lieu unique pour les victimes, c'est le projet de MAVIe. Cette maison dédiée devrait voir le jour début 2025 et proposer un accompagnement complet. Avec cette maison, le CHU de Lille veut être un précurseur national dans l’accompagnement des victimes de violences.
« La Maison des Victimes constitue une réelle avancée pour notre région : elle permet d’aller plus loin dans la protection des victimes et de faciliter considérablement leur parcours de soin et donc leur reconstruction" explique Catherine Thomas, directrice des affaires juridiques du CHU de Lille.
La région particulièrement concernée
Le territoire des Hauts-de-France est en effet particulièrement concerné par le sujet des violences intrafamiliales. Chaque jour, des victimes sont accueillies dans les différents hôpitaux du CHU, particulièrement à Jeanne de Flandre, en pédiatrie.
Plus de 7 500 personnes sont accueillies, tous les ans, au CHU de Lille pour des violences subies.
Des partenaires déjà engagés
Au sein du CHU, les services sont pleinement concernés par le projet : l'Unité médico-judiciaire, le Centre régional de Psycho-traumatisme, l'Unité d’accueil pédiatrique Enfance en danger, les Urgences gynéco-obstétricales, ...
Mais des partenaires extérieurs seront là en soutien direct : les forces de l'ordre, l'Association La Voix de l’enfant, les associations mobilisées en soutien des victimes...
Un appel aux dons et un gala
Le budget nécessaire à la réalisation du projet s'élève à 800 000 €. Aujourd'hui, nous avons réuni environ 50% de la somme.
Une soirée de gala est organisée au CHU de Lille, mardi 18 juin pour récolter des fonds au Grand Palais de Lille.