Femmes battues : sauver des vies en ouvrant sa maison aux victimes de violences conjugales

Vous avez une chambre, un lit disponible ? Pourquoi ne pas accueillir une victime de violences conjugales ou intrafamiliales ? C’est l’idée d’"Un abri qui sauve des vies". Un hébergement citoyen organisé par les bénévoles de l’association. Une solution temporaire, chaque "abritant" décide de la durée de l’accueil proposé.

L’idée est née pendant le confinement. Étudiante en master 2 Communication, Charlyne Péculier a l’idée de trouver des citoyens pour héberger les nombreuses victimes de violences intrafamiliales. Encouragée par ses professeurs et ses camarades, l’association voit vite le jour.

Depuis, elle se développe et vient d’ouvrir une antenne dans les Hauts-de-France, à Lille. La région compte déjà 39 particuliers qui proposent d’héberger des personnes qui fuiraient des violences, avec ou sans enfants. Une trentaine d’accueils ont déjà été organisés...

"Je me suis dit : et moi ? Je fais quoi concrètement ?"

À Roubaix, Chloé Besnard a déjà ouvert sa porte à cinq reprises. Des femmes entre 25 et la cinquantaine qui ont trouvé chez elle un peu de chaleur humaine en plus d’un toit. Artiste, militante féministe, elle avait envie d’agir "Je me suis dit : et moi ? Je fais quoi concrètement ?".

C’est alors qu’elle est tombée sur une annonce d’"Un abri qui sauve des vies". Très vite, un premier accueil, une première histoire confiée autour d’un café : "Je ne leur pose pas de questions. C’est à elles de me raconter si elles en ont envie. Souvent ce sont des femmes qui n’ont pas de famille autour". Elle poursuit : "je veux qu’elles se sentent chez elles, elles sont victimes mais ce sont aussi des femmes comme moi, elles ont la clé, elles n’ont pas de comptes à me rendre". Avant de conclure : "C’est important pour moi de le faire, dès que je peux. Ça me touche, ça me met en colère aussi, qu’on en soit encore là en tant que femme".

Cet accueil de 17 jours en moyenne permet aux victimes d'avoir du temps pour trouver de l’aide, un logement en foyer ou dans un habitat social. "C’est une solution humanisante" explique Charlyne Péculier, la fondatrice de l’association. "Aujourd’hui, moins de 1 % des femmes que nous aidons repartent chez leur agresseur". Elle ajoute : « Nous travaillons en lien avec les structures locales, 6 femmes sur 10 qui s’adressent à nous sont envoyées par des structures d’accompagnement ».

L’hébergement citoyen est un moyen puissant d’insertion sociale pour les personnes victimes de violences conjugales et intrafamiliales. Offrir un cadre bienveillant et individuel permet d’accélérer les démarches, de lutter contre l’isolement.

Un abri qui sauve des vies

 Les abritants, sont souvent des abritantes

Johanna Cavaca, déléguée bénévole de l'antenne Hauts-de-France nous confie "J'ai tout de suite apprécié le principe, en plus d'aider de pousser à l'entraide citoyenne". Quand un "abritant" potentiel la contacte la crainte est d'ouvrir son intimité, sa maison "les personnes qui souhaitent le faire, c'est pour contribuer à leur manière. Ils sont assez libres, pas forcés. On s'adapte à eux, y a pas d'obligation. Ils gèrent eux-mêmes leur agenda".

Les "abritants" sont des "abritantes. "Les hommes ont plus de mal à trouver leur place face à des victimes de violences conjugales", explique Johanna Cavaca.

Les victimes mettent du temps à partir

"Souvent, elles appellent plusieurs fois avant de se décider à partir. On les écoute, on les rassure et on se prépare à les aider au mieux... ça nous laisse parfois le temps de préparer l'abritant aussi", ajoute la déléguée régionale.

Au national, plus de 400 hébergeurs se sont inscrits, ils ont permis d’offrir plus de 4000 nuitées et aider ainsi 172 femmes à sortir des violences. L’association a mis en place une permanence téléphonique 24 heures sur 24h, 7 jours sur 7. Elle est tenue par des bénévoles formés. 

Contact de l'association 09 77 42 59 20.

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