La semaine dernière, un homme originaire de Wattrelos a perdu la vie dans un accident du travail à l'usine Clarebout-Potatoes de Warneton (Belgique). L'un de ses anciens collègues a décidé de rendre publiques des photos mettant en cause les conditions de travail au sein de l'entreprise.
Les photos sont accablantes. Des sols gras, glissants, des frites agglomérées, de l'huile sur toutes les surfaces, des machines jamais nettoyées.
Les clichés ont été pris cet été par un ancien salarié de Clarebout-Potatoes. Il a voulu dénoncer les conditions d'hygiène et de sécurité dans l'entreprise belge de transformation de pommes de terre.
"Quand on voit la saleté qui traîne partout, et quand on le signale aux supérieurs, ils disent 'c'est pas grave, c'est normal'", témoigne-t-il anonymement.
"Il arrrive un moment où quand on voit de la moisissure qui traîne depuis des jours et des jours... Il n'y a aucune hygiène, il n'y a rien du tout."
Il ajoute : "Il y a des fuites d'eau, c'est pareil, ça tombe sur les armoires électriques et tout saute. Si on doit aller remettre le courant là dedans et qu'on se prend un coup de jus, qu'on se fait électrocuter...."
"Ils se taisent sinon ils perdent leur emploi"
En avril 2016, une mère de famille est morte dans l'usine. La semaine dernière, un autre ouvrier français a perdu la vie sur le site de Warneton, écrasé sous un chariot élévateur. 200 salariés ont débrayé pour lui rendre hommage. Mais pour beaucoup, comme pour Mathieu, c'est l'accident de travail de trop."Déjà deux morts en 18 mois, ça fait quand même beaucoup. Plus un grand brûlé et un qui a le pied arraché. Je pense que c'est beaucoup", détaille l'ancien salarié de Clarebout Potatoes. "Les gens ont des crédits, des maisons à payer. Ils se taisent sinon ils perdent leur emploi."
Et puis il y a eu cette autre affaire, en juillet. 85 salariés frappés par une maladie étrange. Fièvre, courbatures, maux de tête. Bref, une série noire et pour l'instant silence radio du côté des autorités belges.
La direction de l'entreprise ne souhaite toujours pas communiquer. Son porte-parole, joint par téléphone, nous promet un entretien, mais plus tard. L'image de l'entreprise se dégrade pourtant chaque jour un peu plus.