Le bras de fer entre la région Hauts-de-France et la SNCF continue. Xavier Bertrand a annoncé devant le conseil régional son intention de suspendre les paiements dus à la SNCF pour protester de la qualité de service qu'il estime "déplorable".
Xavier Bertrand est furieux, et il l'a encore fait savoir. Depuis plusieurs mois, il est engagé dans un bras de fer avec la SNCF, qui n'est pas près de s'arrêter.
Un bras de fer financier
Pour bien comprendre, il faut savoir qu'un contrat lie les deux entités. Chaque mois, la Région doit verser 44 millions d'euros à la SNCF, qui s'engage de son côté à fournir un service d'une certaine qualité.
En décembre 2021, dénonçant les fréquents retards et les multiples suppressions de train, il avait décidé de suspendre temporairement les paiements.
Pendant quatre mois, ces paiements n'ont donc pas été versés. En mars 2022, notant une "amélioration" des services, et reconnaissant qu'il était illégal de ne pas payer, la Région avait finalement repris les paiements. Depuis, les mensualités sont versées à temps et trois des quatre mois impayés ont été remboursés.
Restait donc une dernière mensualité à rembourser, soit 44 millions d'euros. Une somme que le directeur régional de la SNCF aurait réclamée dans un courrier envoyé le 20 juin à Xavier Bertrand, exigeant un paiement avant le 30 juin, sous peine de pénalités.
La colère de Xavier Bertrand devant les élus régionaux
Il n'en fallait pas plus pour provoquer le courroux du président de Région, qui a expliqué la situation devant le conseil régional. Devant les élus, il a promis : "je vous le dis, je ne reprendrai pas les paiements au nom de la Région !"
Pour justifier cette décision, il invoque une nouvelle dégradation des services, et le non-respect du contrat par la SNCF. "Le 20 juin, le jour où ce monsieur a eu le toupet d'écrire ce courrier, il n'était certainement pas sur les quais de la gare ! Parce que le 20 juin dans la région des Hauts-de-France, il y a eu 126 suppressions de trains, soit un taux de suppression de 10%, là où il devrait être de 3%, et un taux de régularité ce jour-là de 86%, là où il devrait être de 97% !"
S'ils ne sont pas contents, qu'ils nous traînent en justice ! Mais dans ce cas-là, je demanderai moi-même aux avocats de la Région de pouvoir aller devant le tribunal, et de m'exprimer publiquement. (...) Il est hors de question de céder aux menaces du directeur régional de la SNCF
Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France
Une appli pour se plaindre
L'annonce intervient quelques jours après le lancement de l'application mobile REZO, développée par la Région, qui incite les usagers des TER Hauts-de-France à remonter les dysfonctionnements des lignes qu'ils empruntent.
"Je sais que l'application ne plaît pas à la hiérarchie et à la technostructure de la SNCF, mais j'en ai marre de me faire enfumer !", a-t-il lancé pendant le conseil régional, avant de promettre aux élus qu'il y aurait une délibération au sujet de la suspension des paiements "le moment venu".
Contactée par l'AFP, la direction régionale de la SNCF n'a pas souhaité s'exprimer.