Dans la nuit du mardi 5 au mercredi 6 juillet, puis dans la journée, plusieurs opérations de sauvetage simultanées ont eu lieu dans le détroit du Pas-de-Calais.
Six embarcations ont été secourues dans le détroit du Pas-de-Calais dans la nuit du mardi 5 au mercredi 6 juillet, puis dans la journée. Ces embarcations de fortune se sont retrouvées en difficulté, à quelques kilomètres des côtes, alors qu’elles tentaient de traverser la Manche. Les services de secours, intervenus à au moins cinq reprises dans divers lieux, sont venus en aide à 166 personnes au total. "Quatre embarcations ont été secourues très tôt le matin et une autre en début d’après-midi avec un des naufragés évacué par hélicoptère, sans que le pronostic vital soit engagé", précise Véronique Magnin, porte-parole de la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord.
Les naufragés, avant d’être débarqués et pris en charge au port de Boulogne-sur-mer, ont été retrouvés notamment au large du Touquet, Fort-Mahon-Plage, Calais et Hardelot. C’est dans ce dernier port que l’association Utopia 56 s’est d’abord rendue, vers 10 heures du matin. "Certaines personnes avaient déjà été amenées à l’hôpital pour hypothermie, d’autres étaient couchées à terre dans des couvertures de survie", raconte Thomas Chambon, coordinateur des maraudes littorales pour Utopia 56 Calais.
Sur cette plage d’Hardelot se trouvaient des hommes seuls d’origine vietnamienne, soudanaise, érythréenne ou kurde, ainsi qu’une famille de six personnes avec un bébé de dix mois, prise en charge par une association. "Mais les autres sont restés là. Parfois encore trempés, ils ont dû se débrouiller pour rentrer de là où ils venaient, par leurs propres moyens, en pleine journée de grève, sachant qu’ils sont en situation de détresse et de vulnérabilité", indique Pauline Joyau, coordinatrice chez Utopia 56 Calais.
Un contexte particulier
L’association a ensuite pris la direction de Boulogne-sur-mer. "Il y avait pas mal d’acteurs présents, c’était mieux qu’il y a quelques mois, mais il manque toujours un soutien psychologique et des forces de médiation, tel que des traducteurs", déplore Pauline Joyau, habituée des sauvetages et peu étonnée par le nombre de personnes secourues. Beaucoup de migrants peuvent effectivement tenter une traversée la même nuit, lorsque la météo semble bonne. "Tous les jours, trente, quarante, cinquante personnes sont secourues, ce n’est pas exceptionnel", abonde François Roque, membre de l’association l’Auberge des migrants. Le préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord met toutefois en garde toute personne qui envisage d’entamer cette traversée sur les risques encourus et sur les conditions météorologiques en mer "souvent difficiles".
Cette opération de sauvetage intervient dans un contexte particulier : un important réseau de passeurs, qui a fait traverser la Manche à près de 10 000 migrants au cours des douze à dix-huit derniers mois, vient d'être démantelé. Cinq pays européens dont la France, ont arrêté 39 personnes soupçonnées d'appartenir à cette organisation irako-kurde de passeurs. En parallèle, Boris Johnson a aujourd’hui annoncé quitter la tête du parti conservateur et, à l’automne prochain, son poste de Premier ministre. Une annonce qui pourrait remettre sur la table l’idée de voies d’accès sûres et légales pour rejoindre le Royaume-Uni, comme le réclamait encore il y a quelques jours le commissaire aux Droits de l'Homme du Conseil de l'Europe.