Projet d'attentat à Lille : le frère d'Ismaël Z. témoigne

Le frère d'Ismaël Z. affirme n'avoir rien vu de la radicalisation de celui qui est désormais poursuivi pour un "projet d'attentat".
©France 3 Nord Pas-de-Calais/France 2

Ismaël Z, 18 ans, a été interpellé à Wattignies ce mardi matin. Il a reconnu être en train de "préparer un attentat". Son frère, âgé de 20 ans, a accepté de témoigner. 

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Le frère d'Ismaël Z., a 20 ans. Depuis deux jours, il est sous le choc. Il a assisté à l'interpellation de son jeune frère de 18 ans. Il a compris que c'était pour des soupçons de terrorisme. Il a lu qu'il avait reconnu être en train de préparer un attentat. La surprise a été totale : "Toutes les personnes de ma famille qui sont au courant sont sous le choc. Mes petites sœurs, je vous en parle même pas… Nous, ce qu’on craint, forcément c’est que des gens de l’extérieur apprennent qu’on est de la famille d’Ismaël. Nous, c’est tout ce qu’on craint. Franchement, on est effondrés, mais on va pas s’arrêter de vivre pour lui. Nous, on a une vie à faire aussi. Moi, j’ai des vacances à passer en avril par exemple et il est hors de question que je les annule ou quoi que ce soit pour lui, moi je vis ma vie et s’il a fait des erreurs et des bêtises il en assumera les conséquences."

Le frère d'Ismaël Z. ne souhaite pas donner son prénom. Et, rapidement, au cours de l'entretien, il insiste sur le fait qu'il ne se doutait de rien, n'a rien vu venir : " Mon frère est calme et introverti. Il n'exprime pas ses sentiments. On n'a pas vu de changement. On n'a pas vu qu'il se radicalisait. Il est peu bavard. Il est comme ça depuis qu'il est petit."

Il affirme tout de même, avec le recul, avoir vu quelques changements ces derniers mois. Les deux frères vivaient toujours ensemble chez leurs parents : "Oui, j'ai senti qu'il s'isolait plus qu'avant. Il restait tout le temps dans sa chambre à part pour manger ou aller aux toilettes... Il sortait très très peu. On n'a rien vu venir parce qu'il restait sûrement sur son téléphone dans sa chambre. Derrière la porte, on ne sait pas ce qu'il faisait. Il ne parlait jamais au téléphone. Au niveau communication avec la famille, c'était le service minimum. Il ne nous a pas fait sentir qu'il avait une quelconque haine, ou un mal-être."

Selon nos informations, le jeune homme a avoué en garde vue préparer "un projet d'attentat terroriste". Aux enquêteurs, il a même indiqué "vouloir se faire exploser" dans un lieu très fréquenté. Il a évoqué dans des conversations, le métro lillois, un centre commercial ou une salle de spectacle. Mais il n'avait pas encore fixé de cible précise. 
Radicalisé, musulman se revendiquant de la mouvance takfiriste, frange radicale et considérée comme liée à Al-Qaida et à l’organisation Etat islamique, Ismaël Z. était en contact, via les réseaux sociaux, avec un homme en Syrie. Cet homme était celui qui le guidait et l'aidait à distance dans son projet d'attentat. L'étudiant en Sciences Eco à Lille I a beaucoup cherché ces derniers temps à se procurer des armes et des explosifs.

"J’ai la haine de savoir que peut-être mon frère est un Takfiri"

Là encore, son frère, musulman pratiquant, se revendiquant salafiste affirme qu'il n'a rien vu de tout cela : "J'étais loin de me douter qu'il était un takfiri pur et dur et qu'il se préparait à commettre des attentats. Je suis encore sous le choc et mes parents également. On a tous du mal à y croire. J'ai vu quelques signes mais c'était pas suffisamment gros pour s'alarmer ou contacter la police. Il ne montrait pas ce qu'il pensait. Il devait pratiquer la takia. On ne pouvait pas savoir qu'il se préparait à commettre un attentat et qu'il s'était orienté vers ce courant extrêmiste."

Cette appartenance au takfirisme met même en colère le frère d'Ismaël : "Oui, je suis en colère, j’ai de la haine de savoir que peut-être mon frère est un Takjiri (mouvance musulmane proche de, alors que je n’avais pas vu ça venir… En fait il en avait caché 95% et moi j’en avais vu que la face visible de l’iceberg, mais toute la face cachée, ça… On l’a pas vu venir." Et il poursuit concernant les précédents attentats : "Devant nous il condamnait les attentats… Par exemple ceux du 13 novembre on en a parlé, il avait condamné les attentats. Après, peut-être qu’à l’époque il n’était pas encore comme aujourd’hui. C’est difficile pour nous de savoir quand est-ce qu’a commencé réellement la descente aux enfers pour lui."

"Je ne sais pas si j’aurai la force de lui pardonner un jour"

"Depuis qu'il est petit, il faisait ses prières, son ramadan comme un musulman normal... , poursuit-il. Sauf que depuis quelques temps, il priait seul dans sa chambre. Il n'allait jamais à la mosquée par exemple le vendredi". Un choix que la famille a pu attribuer à un mal de jambes récurrent depuis l'âge de 15 ans. Ismaël avait du mal à se déplacer : "Mes parents en fait, l’ont « surprotégé » depuis qu’il a eu ses problèmes de jambe donc ma mère était convaincue à 100% que c’est à cause de ça et seulement ça qu’il ne voulait pas aller à la mosquée. Mon père également."


Ce jeudi en début d'après-midi, Ismaël Z. a quitté l'hôtel de police de Lille où il était en garde à vue depuis 2 jours. Il a été transféré à la DGSI à Paris. Il est toujours entendu dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte le 30 décembre 2016 par le parquet de Paris pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste criminelle et devrait être mis en examen ce vendredi par un juge antiterroriste. Sa famille a également été entendue.

Aujourd'hui, le frère d'Ismaël ne sait plus bien comment se comporter, comment gérer cette émotion, ce coup de massue. "Franchement, je suis dans le doute complet par rapport à ça. Je suis partagé entre haine et incompréhension. Je ne sais pas si j’aurai la force de lui pardonner un jour."
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