Deux hôpitaux de Calais et Berck ont signé une convention avec le National Health Service (NHS) afin que les patients britanniques puissent y être opérés dans le cadre de leur système de santé, et échapper aux longs délais outre-Manche.
"L'hôpital de Calais est désormais affilié au NHS: c'est comme si un patient britannique y était en Angleterre", a déclaré Thadée Segard, dirigeant de la société mandatée par l'hôpital pour faire l'intermédiaire dans les négociations. L'Institut Calot de Berck-sur-Mer, second établissement conventionné, est réputé pour l'opération des pathologies orthopédiques et neurologiques. Les deux structures accueillaient des patients anglais depuis des années, mais n'étaient pas affiliées au NHS.
Tim, 1er patient anglais à se faire opérer à l'hôpital de #Calais référencé NHS, l'assurance maladie britannique. pic.twitter.com/MKHfqocbvh
— Antson Franck (@FAntson) 15 avril 2016
"Tout le monde y trouve son compte"
"C'est un contrat sans objectif chiffré, ce n'est pas "50 personnes d'ici fin mai" par exemple", a indiqué un représentant du NHS du Kent, comté du sud-est de l'Angleterre. Le système profitera essentiellement aux résidents de cette région proche du tunnel sous la Manche, mais concerne potentiellement tous les Britanniques. Aucune avance de frais ne sera demandée à la patientèle, qui bénéficiera d'équipes médicales formées à l'anglais. Surtout, les délais pour se faire opérer seront considérablement réduits. "Par exemple, pour l'ablation de sa vésicule biliaire, notre premier patient anglais, jeudi, aurait attendu au moins 18 semaines outre-Manche, contre deux-trois semaines chez nous", a souligné une représentante du CH Calais.La vocation de l'accord est de "donner le choix aux patients, pas de raccourcir les délais d'attente", a cependant souligné le représentant du NHS, alors qu'une partie de la presse anglaise voit dans cet accord un "aveu de faiblesse" du système britannique. "En Angleterre, les établissements de santé publics ne sont pas toujours au niveau des nôtres, il y a des dortoirs de six lits, des toilettes communes, un taux d'infection nosocomiale élevé, etc.", relève-t-on au CH Calais. "Tout le monde y trouve son compte", s'est réjoui Thadée Segard. "Ça permet aux Britanniques de réduire leurs délais d'attente, à la France de montrer le niveau de ses établissements, à la ville de Calais d'améliorer son image écornée auprès des Anglais, et à l'hôpital d'amortir ses coûts avec des prestations mieux rémunérées". En effet, celui-ci dispose d'espace "plus important que les besoins réels, avec des blocs opératoires vides, prêts à l'emploi", a expliqué M. Segard. "Il est complètement faux de croire que l'hôpital croule sous la pression migratoire, on a très peu de passages de migrants aux urgences", abonde la représentante du CH Calais.