Notre journaliste Christelle Massin a pu rencontrer Hubert de Givenchy, lors d'une visite à Calais. Le célèbre couturier était venu s'impregner de l'histoire de Calais en matière de dentelle.
Il compare le couturier à un papillon. La moindre petite chose peut l'inspirer. Il confie dans un sourire "qu'Audrey"(Hepburn) est toujours présente dans ses pensées.Ce midi, à la Cité Dentelle Mode de Calais, la conférence de presse se termine et durant de longues minutes les applaudissements accompagnent et saluent un maître de l'élégance, le chic à la française : Hubert de Givenchy.
Tous ici savourent l'instant. La présence rare d'un personnage proustien. Nous observons l'immense silhouette de ce jeune homme de 90 ans qui se retourne sur des décennies de création tout en confiant ses envies d'avenir.
La délicate dentelle
Jusqu'au 31 décembre sont présentés ici à Calais des dizaines de robes, de tailleurs, de chapeaux, de manteaux, portées par Jackie Kennedy, la duchesse de Windsor et autres personnalités sans oublier l'amie, la presque sœur, la comédienne Audrey Hepburn qu'il habillera à la ville comme à l'écran le temps d'une vie.
Les questions fusent. "Qu'est ce que la beauté ?" "Que pensez vous de la mode de nos jours?" D'abord quelques mots, à l'attention de Natacha Bouchart, "une maire extraordinaire" et très vite, très vite, un souvenir. Souvenir de la dentelle, dont Calais est le berceau. Élément si séduisant. Si féminin. "Je l'ai utilisée en voilette pour rendre le visage d'Audrey encore plus mystérieux, c'était en 1966 dans "Comment voler un million de dollars" de William Wyler."
Celui qui a libéré la mode et sublimé les matières aime aussi à raconter dans un sourire discret comment Jackie Kennedy venait s'habiller chez lui dans le plus grand secret : les couturiers américains n'appréciaient pas !
Quid de la mode aujourd'hui ?
"Ce qui compte c'est l'harmonie. Il faut que les choses soient harmonieuses, du détail de la chaussure à la posture du mannequin. La mode doit embellir la femme. J'ai eu des clientes qui m'ont dit : "C'est grâce à vous que j'ai rencontré mon mari, mon fiancé, mon bonheur c'est grâce à un morceau de tissu !!"
C'est en 1988 que la maison Givenchy sera vendu à LVMH. Que reste-t-il de ces temps éloignés ? "Tout change dans notre monde. Nous avons connu une mode plus stricte, plus raffinée. La haute couture était à son top, les tissus somptueux. Ce n'est pas facile d'avoir une mode chic dans l'époque dans laquelle nous vivons."
Il évoque un autre monde. Dior, "Monsieur Balenciaga" et Yves Saint Laurent "au talent sans limites". YSL pour qui "les plus beaux paradis sont ceux qu'on a perdus". Hubert de Givenchy préfère nous dire dans un sourire qu'il faut "essayer d'être heureux".