Le financier Joseph Oughourlian, actionnaire majoritaire de la société luxembourgeoise Solferino, propriétaire du RC Lens, a accordé sa toute première interview ce jeudi au journal L'Equipe. Il annonce notamment qu'il injectera de nouveau 10 millions d'euros cette année.
Il aura fallu attendre plus d'un an pour que le RC Lens communique enfin son nom. Mercredi, Joseph Oughourlian a été officiellement présenté en conférence de presse comme l'un des sept membres du board, la nouvelle instance exécutive du club. Ce financier français de 45 ans, résident londonien, est pourtant actionnaire à 89,1% de Solferino, la société luxembourgeoise qui a repris les Sang et Or en mai 2016, en association avec l'Atlético de Madrid. C'est donc lui le véritable "big boss". Si les habitués du Stade Bollaert-Delelis avait déjà aperçu sa silhouette en tribune présidentielle, il ne s'était jamais exprimé jusqu'à présent sur le club et les raisons de son investissement dans l'Artois. C'est désormais chose faîte, dans un entretien paru dans L'Equipe ce jeudi.
Selon Joseph Oughourlian, c'est l'Atlético de Madrid qui lui a proposé de s'impliquer à Lens. Le financier, patron du fonds Amber Capital, est un homme connu en Espagne, où il est notamment actionnaire du groupe de presse Prisa, qui édite le quotidien El Pais. Il s'agit au départ de venir à la rescousse... d'Hafiz Mammadov, actionnaire majoritaire des Sang et Or et sponsor des Colchoneros avec sa marque Azerbaijan Land of Fire. "On me dit : "On a besoin d'un partenaire financier. On ne veut pas reprendre le contrôle du RC Lens et on veut faire une faveur à Hafiz Mammadov qui a été très généreux avec nous dans le temps et l'aider à se sortir de ses problèmes financiers"", explique l'homme d'affaires. "Et puis M.Mammadov a disparu de la transaction". Alors que Solferino devait acquérir initialement 20% du club, la société s'est retrouvée en position de nouvel actionnaire majoritaire lorsque l'offre a été transmise au tribunal de commerce de Paris qui a validé la reprise.
"Ce club vous prend aux tripes"
Joseph Oughourlian dit avoir considéré "cette affaire" avec "circonspection" au départ, mais il semble s'être laissé prendre au jeu. "Ce club était un géant endormi, avec un stade flambant neuf, des supporters incroyables, de vraies compétences, comme sa formation. Avec un peu de rigueur dans la gestion, ça pouvait être un très bel investissement (...). J'ai été séduit. Ce club vous prend aux tripes. Quand vous entrez dans ce stade avec la tribune Marek qui chante pendant tout le match, ça vous fait quelque chose. (...) Mes invités avaient des étoiles dans les yeux. A cause de ce qui se passait dans les tribunes. Et ils m'ont dit : "je veux revenir, t'aider et investir".Rappelons que le RCL a été cédé à Solferino par le tribunal de commerce de Paris pour la modique somme de... 660 000 euros, moyennant l'engagement d'investir immédiatement 5,6 millions d'euros et de ne pas sortir du club avant trois ans. Plutôt une bonne affaire. Au total, les nouveaux actionnaires ont injecté 7 millions d'euros l'an dernier, via une augmentation de capital. Et Joseph Oughourlian annonce qu'ils remettront la main à la poche. "Cette année, on a un budget au-dessus de 10 millions".
"On va s'impliquer sur la durée"
"On est très ambitieux pour Lens", ajoute Joseph Oughourlian. "On va s'impliquer sur la durée. (...) Le but est l'autosuffisance à moyen terme. Et la remontée en L1 le plus rapidement possible". Interrogé le rôle exact désormais de l'Atlético de Madrid, actionnaire minoritaire des Sang et Or à hauteur de 34,6%, il assure que la relation est "presque fusionnelle" avec les Colchoneros. "C'est vrai qu'il n'y a pas eu d'échanges de joueurs. Mais il faut voir où ils sont - dans le top 4 en Europe - et où on est - dans le top 4 en L2. Si on était monté en L1, ce serait nettement plus facile."Joseph Oughourlian a également été questionné sur les passerelles éventuelles entre le RC Lens et le club colombien de Millonarios, dont Amber Capital, son fonds d'investissement, est actionnaire majoritaire "On a essayé, mais ils sont un peu trop loin géographiquement", répond-il. "Ce sont deux mondes complètement différents. Je n'ai pas de stratégie globale pour ces deux clubs." En septembre dernier, un partenariat avait été amorcé et deux jeunes joueurs colombiens étaient venus s'entraîner à La Gaillette. Une expérience restée visiblement sans suite.