Depuis le début du mois de novembre, les tentatives de traversées de migrants vers l'Angleterre se multiplient, et avec elles, toujours plus de sauvetages dans le détroit du Pas-de-Calais. La Préfecture maritime craint une situation dramatique cet hiver.
Le jour se lève à peine, l’Abeille Languedoc et le Cormoran, deux navires de sauvetage de la Marine Nationale reprennent la mer, engagés pour une mission de surveillance. A bord, les sauveteurs scrutent la Manche. Trois personnes sont toujours portées disparues, depuis plus de 24 heures. Elles avaient tenté de traverser la Manche en kayak, dans la nuit de mercredi à jeudi. “L’incertitude est importante”, s'inquiète Véronique Magnin, porte-parole de la Préfecture maritime. "la température de l’eau baisse fortement en novembre et c’est un risque augmenté pour la vie humaine. On reste attentif, mais nous sommes maintenant engagés pour secourir d’autres naufragés éventuels". Car la préfecture redoute des départs massifs, cette nuit encore. "C’est lié à une météo favorable. Ces jours-ci la mer est en force 2 ou 3 maximum, donc il y a une forte probabilité pour que les passages soient nombreux."
Dans la nuit de mercredi à jeudi, de nombreuses embarcations se sont ainsi retrouvées à la dérive dans la Manche. Au large de Dunkerque, ce sont 35 naufragés qui sont pris en charge par le navire Jean Bart 2 et ramenés jusqu’au port. A Boulogne-sur-Mer, dans le même temps, 4 migrants sont aussi escortés. Plus tard dans la journée, 9 autres personnes dont 2 enfants regagnent aussi le port à bord du Cormoran, le patrouilleur de la Marine nationale. “Hier, tous les moyens du dispositif sauvetage étaient engagés, au même moment” précise Véronique Magnin.
Ces derniers jours, la Manche voit se jeter toujours plus d’embarcations de fortune vers l’Angleterre. “Plus on avance dans l’hiver, moins les créneaux météo sont favorables. Alors dès qu’il y a une accalmie, un volume important de personnes se concentre sur la mer dans le même temps.” Depuis trois ans, la traversée de la Manche constitue la principale voie d’accès à l’Angleterre pour des milliers de migrants. Pour autant, la situation de ces derniers jours est inédite. “La Manche est dangereuse, surtout à ce moment de l’année où il fait froid, les risques sont élevés. Pourtant, les départs continuent, ça nous surprend” avoue Véronique Magnin, et de conclure : "début novembre, le nombre de départs étaient presque équivalent à ceux de la fin de l’été."