211 espèces animales et végétales répertoriées sur les prairies de l'aéroport Paris-Beauvais : "c'est vraiment un environnement riche pour la biodiversité"

Depuis un an, l’aéroport de Paris-Beauvais travaille avec l’association Aérobiodiversité. Un partenariat a même été signé pour 3 ans. Les premières observations ont permis de découvrir une faune et une flore insoupçonnée sur les prairies de la plateforme.

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Aux alentours de l'aéroport de Paris-Beauvais, il est facile de se croire dans une réserve naturelle. Mais ce n'est pas le cas. Depuis un an, l'association Aérobiodiversité se rend sur les 164 hectares de prairies qui entourent le tarmac pour analyser la faune et la flore des lieux. 

En effet, il s'agit d'un espace clos, très protégé où "il y a zéro produits phytosanitaires et 75% des espaces sont des prairies qui font partie des dernières prairies naturelles en France, note Hélène Abraham, directrice de l'association Aérobiodiversité. Donc c'est vraiment un environnement riche pour la biodiversité."

Un inventaire des espèces animales et végétales

L'association fait l'inventaire des espèces animales et végétales présentes. Les membres notent les évolutions depuis leur premier passage selon un protocole scientifique défini par le Muséum national d'Histoire naturelle. Plaques à reptiles, pièges à insectes, détecteur de chauve-souris et des millions de photos... Tous ces outils ont permis à ce jour de répertorier 211 espèces. 

Damien Dutrey, botaniste et membre de l'association s'accroupit devant une plante. "C’est de la mauve alcée, c’est proche de la mauve qu’on a dans les jardins, explique-t-il. C’est une plante qui est assez rare en Picardie parce qu'elle apprécie les milieux de prairie calcaire". Et étant donné qu'en Picardie, on trouve "soit de l'ancien larix qui est en train de s'enforester, soit de la culture", la mauve alcée ne trouve plus beaucoup de prairies calcaires qui pourraient lui convenir. 

Un peu plus loin, Damien aperçoit dans un tunnel l'épeire des fenêtres, une espèce d'araignée. "On peut aussi trouver des papillons qu'on appelle le moro, un gros papillon marron qui fait d'énormes colonies et, normalement, il apprécie les milieux de grotte".

Le moro a réussi à se répandre en France grâce aux "grosses buses agricoles ou industrielles" qui lui offrent des milieux frais, "où il peut se reposer dans le noir et ça imite les milieux de grottes qu'il affectionne". 

Elodie Rivière, ornithologue de l’association, regarde quant à elle vers le ciel et pointe du doigt un faucon crécerelle. Ils sont souvent présents dans les zones aéroportuaires parce qu'il y a des prairies, "et les prairies attirent les campagnols, c'est la chose que va manger le faucon crécerelle".

Il est important de ne pas le chasser car "ce sont des oiseaux qui vont connaître la zone, les avions donc si on les enlève, ça fait de nouveaux territoires pour d'autres oiseaux qui, eux, ne connaîtront pas les avions". Les risques de collision sont alors plus importants. 

Dernier détour, cette fois-ci près de la renouée du Japon. "C'est une plante qui pose des problèmes au niveau national parce qu'elle prolifère énormément", surtout quand elle est broyée, précise Damien. "Sachant que là, elle est très sèche, mais il suffit qu'il pleuve 2-3 jours pour que ça reparte et ça peut prendre des hauteurs jusqu'à 2m50 à 3 mètres de haut."

La renouée du Japon fait partie du cortège d'espèces que l'association essaie d'identifier sur les aéroports car il s'agit "d'espèces à enjeux de sécurité, qui ont tendance à se mettre près des pistes". Sauf que dans les pistes, il n'est pas possible d'avoir des espèces aussi grandes, "qui pourraient cacher la vue de certains animaux comme les sangliers et les chevreuils" qui se cachent aussi dedans. 

Un diagnostic et un plan d'action 

L'association Aérobiodiversité n'a pas vocation à imposer des mesures mais de conseiller. Cette année, elle pose un premier diagnostic et préconise un plan d'actions pour améliorer le développement de la biodiversité. Parmi les conseils, "on va expliquer aux aéroports qui ont certainement un plan de fauche qui est déjà établi" qu'il faut laisser "relativement haut la fauche pour que les oiseaux puissent se cacher, ou bien les laisser faire leur nid et ne faucher que plus tard", détaille Hélène Abraham. 

Pour le directeur de l'aéroport de Paris-Beauvais, cette initiative permet de changer le regard sur ce site et sur son aspect environnemental, habituellement évoqué à travers le prisme de l'empreinte carbone. "L'enjeu est assez multiple, lance-t-il. Tout d'abord, c'est de présenter toutes les initiatives que l'aéroport peut prendre pour tenter de réduire son impact".

Ensuite, il s'agit "de présenter l'aéroport sous une autre perspective" car les gens ne voient "pas forcément l'envers du décor et tout ce que peut représenter un aéroport, et en l'occurrence là, sur le sujet d'Aérobiodiversité, ses nombreuses pleines herbeuses qui entourent le tarmac, les voies d'accès et la piste d'aéroport." 

Dans cette démarche environnementale, un projet de recherches sur les énergies renouvelables est aussi en cours. Cette fois-ci, il prend la forme d'un partenariat entre les élèves ingénieurs d’UniLaSalle et le syndicat mixte de l’aéroport. Sur les 220 hectares, "nous avons la possibilité pour les deux tiers de récolter des déchets verts qui peuvent ensuite être valorisés en bioénergie sous la forme de méthanisation", explique Philippe Trubert, directeur du syndicat mixte de l'aéroport Paris-Beauvais.

Ils espèrent développer un "vrai partenariat" sur le long terme où l'ensemble de l'aéroport de Beauvais et son mix énergétique peuvent "être travaillés par les universitaires, des chercheurs, des étudiants pour avoir la trajectoire la plus verte des aéroports de France", conclut-il. 

En tout, près d’une soixantaine de plateformes aéroportuaires se sont déjà unies à l’association Aérobiodiversité. Trois ont décroché son label Aerobio, une récompense à laquelle Paris-Beauvais pourra prétendre quand toutes les conditions seront remplies. 

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