Des éleveurs et des élus de droite et d'extrême-droite ont manifesté à Beauvais ce 21 décembre en soutien à l'éleveur Vincent Verschuere. La FNSEA et les Jeunes agriculteurs ont organisé ce rassemblement. La condamnation de cet agriculteur de Saint-Aubin-en-Bray (Oise), à verser 106 000 euros de dommages et intérêts, a été confirmée par la Cour de cassation au début du mois.
Pour les pourfendeurs de l'agri-bashing et des néo-ruraux, c'était la manifestation à ne pas manquer. Ce 21 décembre, plus de 300 personnes - agriculteurs et élus pour la plupart - se sont rassemblées à Beauvais pour défendre Vincent Verschuere, éleveur de l'Oise condamné par la justice pour "troubles anormaux du voisinage".
Juchés sur une remorque fourragère, responsables syndicaux et élus de droite et d'extrême-droite se sont succedés au micro pour soutenir l'agriculteur condamné. Parmi eux, Franck Pia, le maire (UDI) de Beauvais et sa prédécesseure Caroline Cayeux, la présidente (LR) du Département de l'Oise Nadège Lefèbvre, le président (DVD) de Région Xavier Bertrand ou encore les députés Maxime Minot (Les Républicains) et Michel Guiniot (Rassemblement national).
Demain nous y serons! Alors à demain à tous ceux qui pourront ce libérer pour soutenir cette Ruralité qui nous est cher dans nos campagne et qui est à sa place!
— vincent verschuere (@vincentversch21) December 20, 2023
Merci à tous pour votre soutiens 🙏 🙏 🙏 https://t.co/GODEklCw4Q
"Ça peut arriver à n'importe qui d'entre nous. C'est pour ça que le monde agricole fait bloc," soutient Régis Desrumaux, le président de la FDSEA 60, co-organisatrice du rassemblement avec les Jeunes agriculteurs.
Une aide de 40 000 euros de la Région
Installé dans le bourg de Saint-Aubin-en-Bray, l'éleveur laitier est devenu, pour ses défenseurs, le symbole de la ruralité maltraitée. Attaqué par son voisinage pour les nuisances sonores et olfactives que génèrent l'extension qu'il a construite en 2010, Vincent Verschuere a été condamé par la justice à une amende de 106 000 euros.
La peine a été confirmée en appel en mars 2022, puis par la Cour de cassation ce 7 décembre 2023. "Un coup de massue," considère le président (DVD) de la région Xavier Bertrand, monté sur la tribune après avoir été introduit comme "un des premiers soutiens de Vincent" par l'organisation du rassemblement.
Cette famille ici, c'est la grande famille des agriculteurs. Vous bossez plus que les autres, vous donnez beaucoup, vous avez le sentiment de nourrir les gens. Et ce que vous ne supportez pas aujourd'hui, c'est que vous soyez placés dans la position d'accusés. C'est le visage de l'agriculture, Vincent.
Xavier Bertandprésident (DVD) du conseil régional des Hauts-de-France
Xavier Bertrand rappelle que la Région a soutenu Vincent Verschuere "moralement et fiancièrement" : "Elle s'est mobilisée aux côtés de Vincent, et il fallait pouvoir aligner 100 000 euros pour aller en cassation, somme qui ne se trouve pas sous le sabot d'un cheval," explique Xavier Bertrand.
"On a décidé de faire un prêt à Vincent de 40 000 euros, prêt qu'on a transformé en abandon de créance pour qu'il n'ait pas à les rembourser," poursuit-il, sous les applaudissements de l'auditoire.
Une cagnotte pour les travaux
En plus des dommages et intérêts, l'agriculteur pourrait débourser à nouveau "100 à 150 000 euros d'aménagement du bâtiment pour réduire ces fameuses nuisances reconnues par le tribunal, glisse Vincent Verschuere. Ça c'est le meilleur des cas. Le pire, ce serait la démolition du bâtiment, qui mettra forcément fin à l'exploitation." Une cagnotte a été créée par ses soutiens "pour permettre à Vincent de vivre et enfin être tranquille, et notamment construire des murs anti-bruit," explique Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA.
Avec Paul-Guillaume Ipo