À Beauvais, un arrêté municipal controversé interdit la vente de muguet dans la rue

La mairie de Beauvais a décidé de renouveler son arrêté interdisant la vente de muguet sur la place publique le 1er mai. Si les fleuristes se réjouissent, le Parti communiste français, lui, s'indigne de cette privation de liberté.

 

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C'est une tradition autorisée en France : vendre du muguet sauvage sur la place publique. Mais ce 1er mai, à Beauvais, les particuliers et les associations ne pourront pas proposer leurs fleurs à clochettes à la vente dans la rue.

La maire de la commune, Caroline Cayeux, explique dans un communiqué avoir décidé de maintenir l'arrêté pris l'an dernier pour "favoriser les fleuristes sédentaires qui, même s'ils ont pu rester ouverts pendant cette nouvelle période de confinement, souffrent tout de même de la crise sanitaire en raison notamment de l'annulation de nombreuses fêtes familiales comme les mariages".

Vanessa Foulon, conseillère municipale déléguée en charge des relations avec les commerçants, confirme. Ce nouvel arrêté est bel et bien motivé par la crise sanitaire. "L'année dernière, les fleuristes étaient fermés donc nous avions suivi l'arrêté national. Cette année, ils sont ouverts mais ils ont perdu jusqu'à 50% de leur chiffre d'affaires".

La municipalité souhaite donc "privilégier ceux qui ont des salariés et qui paient des charges". Pour l'équipe, "la priorité est que les commerces perdurent et continuent à créer de l'emploi", affirme Vanessa Foulon.

Une privation de liberté un jour symbolique

Mais cette interdiction n'est pas du goût de tous. La préfecture de l'Oise, qui a annoncé que la vente des brins de muguet serait autorisée ce 1er mai dans le département, relayant ainsi la décision du gouvernement, n'a pas souhaité commenter cet arrêté municipal. La vente sera donc uniquement interdite à Beauvais.

Mais le secrétaire départemental PCF de l'Oise, lui, ne mâche pas ses mots. "Mme Cayeux fait du zèle", lance d'emblée Thierry Aury. Le Parti communiste français avait déjà cette année renoncé à sa traditionnelle vente de muguet en raison de la situation sanitaire. "Il faut commander le muguet tôt et il y avait encore trop d'incertitudes", explique Thierry Aury. Mais sur le fond, le secrétaire départemental PCF de l'Oise ne comprend pas cet arrêté : "L'arrêté ne fait référence qu'à des questions sanitaires, et ne mentionne pas le soutien aux fleuristes. Une table en plein air, ça n'est pas plus source de contagion qu'une caisse de supermarché", estime-t-il. Et selon lui, les fleuristes trouvent dans la grande distribution une concurrence plus sévère : "Cette concurrrence est plus le fait des grandes surfaces qui cassent les prix que des vendeurs dans la rue à mon avis", ajoute-t-il.

Cette année, le PCF se contentera donc, une nouvelle fois, d'un appel aux dons et de quelques cartes postales représentant des brins de muguet, mais Thierry Aury réitère sa demande de ne pas rajouter de restrictions et de contraintes supplémentaires à celles qui sont déjà imposées : "Cette restriction de liberté au nom de la situation sanitaire est un mauvais signe envoyé lors d'une journée symbolique pour les droits et c'est une atteinte à une tradition de notre pays qui risque de se prolonger une fois la pandémie disparue..."

Des fleuristes reconnaissants

En revanche, sans surprise, les fleuristes se disent tous ravis. "Ça va nous aider, c'est sûr", explique Sandrine Poupon, la gérante de la boutique Au jardin de Provence, qui salue une décision courageuse de la part de la mairie.

Une association se fournissant auprès d'un fleuriste ne lui pose aucun problème mais, d'après elle, la vente de muguet est devenue "une sorte de business avec des vendeurs qui se fournissent chez des grossistes et ne paient pas de charges".

Cette vendeuse à Monceau Fleurs confirme : "La place du marché est remplie d'habitude. Il y a des stands d'un coin à l'autre." Elle aussi se réjouit de la mesure : "Bien sûr qu'on est content. Les temps sont durs pour les commerçants !"

Cet autre fleuriste beauvaisien qui souhaite rester anonyme explique : "Je ne critique pas les gens qui vendent dans la rue, je les comprends, j'en veux davantage aux producteurs car les produits que l'on trouve dans la rue sont souvent les mêmes que les nôtres. C'est la fête la plus difficile à cause de ça. Alors je ne vais pas me plaindre de cet arrêté, j'en suis ravi."

Sandrine Poupon, qui a perdu 25% de son chiffre d'affaires l'an dernier, confirme l'importance de ce coup de pouce. "Le 1er mai, c'est notre quatrième plus belle fête de l'année après la fête des mères, la saint Valentin et Noël", explique-t-elle. Et selon elle, cet arrêté bénéficie à toute une filière : "Nous sommes quand même les premiers à écouler les produits de nos producteurs français et ça, c'est important. Autant favoriser les producteurs français pour qu'économiquement, on se relève tous et qu'on ne dépende pas de la Hollande ou de la Belgique".

Si plusieurs fleuristes affirment craindre que l'arrêté ne soit pas respecté, tous les magasins contactés se disent néanmoins reconnaissants pour cette marque de soutien.

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