Afghanistan : Françoise Hostalier, spécialiste de la question des femmes, ne croit pas aux promesses des talibans

Françoise Hostalier, ancienne députée UMP de la 15e circonscription du Nord, originaire de Beauvais et spécialiste de la condition des femmes en Afghanistan, dirige notamment aujourd’hui le club France-Afghanistan. Elle se confie sur la situation de ce pays qu'elle connait bien.

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Françoise Hostalier, spécialiste de la question des femmes en Afghanistan nous livre son point de vue sur la situation actuelle de ce pays. 

Les événements de ce week-end vous ont-ils étonné ?

La rapidité de la prise de Kaboul par les talibans ne m’a pas surprise. Surtout après la chute de toutes les autres grandes villes du pays les jours précédents. Comment une ville comme Kaboul aurait pu résister à son encerclement par les talibans qui contrôlaient tous les accès de la ville et toutes ses voies d’approvisionnement. d’autant que ces derniers contrôlaient tous les accès à la ville et donc ses voies d’approvisionnement. Leur but était d’affamer les habitants de Kaboul, 4,5 millions d’habitants. La ville n’aurait pas pu résister, il y aurait eu inévitablement un bain de sang dans la capitale. Il y a eu des tentatives de résistances dans certains quartiers quand les talibans sont rentrés en ville à bord de leurs pickups, mais le combat était perdu d’avance, dans une capitale marquée par les attentats des semaines précédentes. 

Comment la situation va évoluer ?

Premier changement visible : il n’y a plus aucune femme dehors, elles sont toutes rentrées chez elle, plus aucune d’elles ne va travailler, les speakerines ont disparu des chaînes. Dans la capitale, pour l’instant, il n’y a pas de violence avérée. Selon moi, les talibans vont prendre le pouvoir le 19 août prochain parce que c’est le jour de l’indépendance de l’Afghanistan. Leur programme est connu : le pays va être tenu d’une main de fer, les talibans vont imposer, je n’ose même pas dire une charia, des normes qui leur sont propres aux habitants de Kaboul et à tous les Afghans. Les mêmes que lorsqu’ils ont dirigé le pays de 1996 à 2001 : la lapidation des femmes adultères, l’amputation des membres pour les voleurs, la décapitation publique… Et ça a déjà commencé dans les villages et les villes du reste du pays où internet et les réseaux des mobiles ont été coupés. J’ai reçu de sources sûres, des vidéos montrant déjà toutes ces exactions.

Que pensez-vous de leurs promesses au niveau international ?

Je crois que nos lecteurs doivent comprendre : les talibans n’ont pas le même logiciel que nous. Ils n’ont aucune parole d’autant qu’à leurs yeux nous ne sommes que des mécréants. Au niveau international, ils vont chercher à acquérir une certaine honorabilité. Dans le pays, ils dressent déjà des listes d’adolescentes à marier de force : ces gens sont avant tout des obsédés sexuels. Ils sont devenus plus perfides encore qu’avant. Et maîtrisent désormais les réseaux sociaux comme l’a fait Daesh.

Ça va être dramatique pour la jeunesse aussi dans les grandes villes comme Kaboul et Erat, qui va subir un choc terrible. Mais j’ai confiance en elle : les talibans ont gagné la bataille mais espérons qu’ils ne gagnent pas la guerre contre la culture, la beauté, l’intelligence de ce pays.  J’espère que les jeunes Afghans mèneront la résistance J’espère qu’ils vont pouvoir continuer à s’instruire, à communiquer. Nous devons, nous Occidentaux, les aider. 

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