Pendant le confinement, les habitants des communes qui bordent le dixième aéroport le plus fréquenté de France ont pu profiter de la quiétude engendrée par l'interruption des vols. Certains appréhendent la reprise, alors que Beauvais-Tillé a rouvert ses pistes dimanche 14 juin.
"On sort d'une tranquillité absolue." Pendant trois mois, Philippe Brébion a eu le sentiment de retrouver sa "maison dans l'environnement qu'[il] avait choisi quand [il] l'a achetée", dans les années 80. Un pavillon dans un village de la campagne isarienne, à proximité d'un petit aérodrome "avec des pistes qui dataient de la guerre et qui servaient très peu".
"On a quand même bien apprécié"
Le 26 mars dernier, l'aéroport de Beauvais-Tillé, contraint par le confinement et l'irruption de la pandémie de Covid-19, suspendait ce qu'il lui restait d'activité. Une catastrophe économique pour le secteur, mais un répit apprécié par une partie des riverains.
"Le contexte était certainement dramatique, qu'il soit sanitaire ou économique. Mais très honnêtement, on a quand même bien apprécié de ne pas avoir de survol d'avion, reconnaît Dominique Lazarski, présidente de l'Association de Défense de l'Environnement des Riverains de l'aéroport de Beauvais-Tillé (ADERA). On a bien profité des jardins. En plus il a fait très, très beau. Profiter des oiseaux, du silence, de la campagne. La reprise va être difficile pour nous."
La première liaison post-confinement était effectivement prévue pour dimanche 14 juin. La reprise est certes partielle, avec dans un premier temps un seul un vol quotidien, mais la direction commerciale de l'aéroport prévoit un rythme de deux à sept vols par jour pour la suite du mois de juin. Surtout, le poids lourd du low cost, Ryanair devrait reprendre ses vols à partir du 21 juin.
"Ça va quand même être brutal, prévoit Dominique Lazarski. Parce que ce qui est gênant dans le bruit des avions, c'est l'émergence par rapport au bruit ambiant. Donc le plus calme sera votre environnement, et plus un avion qui passe est gênant."
"On ne fait même plus attention"
Certains habitants des communes limitrophes n'en sont pas si convaincus. Comme cette habitante de Guignecourt, qui tempère : "On ne peut pas dire que c'est une nuisance. On entendait un peu les vols, mais j'imagine que ce n'est pas comme les communes proches d'Orly ou de Roissy." "Au début, oui, ça gênait, mais à force, on s'y habitue. On ne fait même plus attention", ajoute Jessica, qui réside pourtant à Laversines, dans l'axe de piste est de l'aéroport.
Résidant de la même commune et président de l'ACNAT, une association de riverains, Philippe Brébion croit au contraire à un accroissement de l'exaspération. "Il a fallu vingt ans pour passer de presque rien, au niveau des avions, à 28.000 mouvements par an, souligne-t-il. Forcément, là, la reprise va se faire très certainement plus rapidement. Même des gens qui pensaient ne pas être trop gênés par des avions vont certainement trouver que c'est ennuyeux."
D'autant que l'année dernière s'était close sur un contentieux autour de la modification du couvre-feu. Au 1er janvier 2020, l'interdiction de survol de 23h à 5h du matin a été tempérée par autorisations dérogatoires d'atterrissage après minuit en cas de retard ou d'imprévus.