Louis Verriez est éleveur amateur de poules Araucana à Mesnil-Théribus, au sud de Beauvais dans l'Oise. Cette race a notamment la particularité de pondre des œufs de couleur bleue.
Il parle de ses poules avec tendresse. "Elles sont très gentilles, presque affectueuses. Elles dorment dans mes noisetiers et se baladent parfois dans la maison." Louis Verriez, 21 ans, est éleveur amateur de poules de race Araucana et président de l'Araucana club de France. Le jeune homme s'est passionné pour les gallinacés à son adolescence : "Quand j'étais enfant, avec mes parents, nous vivions dans le 95. Nous n'avions pas de jardin. À mes 12 ans, nous avons déménagé à Mesnil-Théribus dans l'Oise. Je me suis dit pourquoi pas avoir des poules."
Il se renseigne sur les différentes races et s'arrête sur la poule Araucana : "C'est la race ancestrale des poules qui pondent des œufs bleus, c'est la poule mère. Ça m'a plu. En plus, j'ai toujours été intéressé par l'espagnol (il est aujourd'hui professeur d'espagnol, ndlr) et cette race vient du Chili. C'est un clin d'œil. Enfin, il y avait aussi un challenge de reproduction. Et donc ça a commencé comme ça, avec quelques poules." Aujourd'hui, neuf ans plus tard, Louis possède une quarantaine de poules dont une trentaine d'Araucana.
"C'est comme une cartouche d'encre"
La particularité de la race est donc qu'elle pond des œufs bleus. La totalité de la coquille est teintée. Elle est colorée dans la masse à la différence des poules marans, par exemple, dont la couleur brun-rouge est uniquement sur la couche superficielle de l'œuf. "Ce n'est pas une peinture mais c'est plutôt comme une cartouche d'encre", explique le spécialiste.
Un rétrovirus, responsable de la coloration
Mais alors pourquoi cette teinte bleutée ? Pendant longtemps, on ignorait l'origine de cette couleur. En 2013, deux publications scientifiques, une chinoise et une internationale, dévoilent la présence d'un rétrovirus dans le patrimoine génétique des Araucana. Chez les poules, c'est ce rétrovirus qui entraîne une mutation dont la conséquence directe est une coloration bleue de la coquille. Pour autant, l'œuf reste "normal" quand on casse la coquille.
Une espèce menacée de disparition
Plus petit, Louis Verriez a choisi de s'intéresser entre autres à cette race car c'était "un challenge de reproduction". En effet, la reproduction de la poule Araucana est réputée difficile. Ces gallinacés pondent entre 150 et 180 œufs par an, c'est moitié moins que les poules pondeuses. En terme de ratio, sur 100 œufs, entre 20 et 30 deviennent des poussins viables. Il y a deux explications : la présence d'un gène "létal" qui tue environ 25 % des embryons et l'absence de croupion chez l'animal. Cette anomalie physique ne permet pas au coq de s'accoupler parfaitement avec la femelle et réduit donc les chances d'une bonne fécondation. C'est pourquoi de plus en plus de personnes décident de croiser l'Araucana avec d'autres espèces. "Ils arrivent à obtenir des poules avec une queue qui pondent des œufs bleus. Il y a aussi un but commercial parce que les gens veulent des œufs bleus. Finalement, ça contribue en partie à la disparition de l'espèce", regrette Louis Verriez.
L'Araucana, une race à la mode
Méconnue du grand public il y a encore dix ans, l'Araucana est aujourd'hui en vogue. Louis Verriez, professeur des écoles à la vie et éleveur sur son temps personnel, reçoit plusieurs appels et messages par jour : "Beaucoup de particuliers veulent m'acheter des poules. J'ai des demandes de toute la France et même à l'international : Italie, Espagne, Chili..." Acheter une poule Araucana représente néanmoins un petit budget : il faut compter entre 45 et 65 euros.