Fête foraine et contraintes sanitaires : à Beauvais, "dès qu'on peut, on remet le pompon. Les gens y sont très attachés"

Jusqu'au dernier moment, on ne savait pas si elle aurait lieu mais la foire de Beauvais a bien démarré samedi 20 juin sur son site habituel de l'avenue Nelson Mandela. Une décision prise collectivement par la ville, la préfecture et le comité des forains avec des mesures d'hygiène rigoureuses.

Devant son manège chenille, Anthony Prunier explique à Willy Rollin , le vice-président du comité de la foire de Beauvais, comment les choses vont se passer : une fois tous les enfants descendus, il ferme la chaîne de protection qui entoure son attraction et nettoie les wagons. "Dans un wagon, il n'y a pas un mètre entre le siège de devant et celui de derrière, explique le forain. Donc on ne va mettre qu'une personne par wagon. S'ils sont de la même famille, ils pourront monter côte à côte. Mais s'ils ne sont pas de la même famille, alors ce sera un enfant par wagon. Au lieu d'avoir 40 enfants, je n'en aurai que 10. Mais c'est toujours mieux que de rester chez soi".

A chaque manège, ses contraintes

Quelques jours avant son ouverture, la fête foraine Beauvais était encore incertaine. Mais après une concertation avec la mairie et la préfecture, les autorisations ont pu être délivrées à la centaine de forains installés avenue Neslon Mandela. Manèges, stands de tir et autres vendeurs de confiseries ont pu accueillir les premiers clients samedi 20 juin.

Gel hydroalcoolique aux caisses, concentration de plus de dix personnes interdite et port du masque recommandé pour les visiteurs. Aux consignes sanitaires désormais classiques, s'ajoutent celles propres à l'univers forain : les jetons de manège sont désinfectés, les machines à pinces, nettoyées après chaque visiteur, et les lots à gagner, emballés. "C'est énormément de contraintes. Mais pour travailler, il le faut, avoue Rudy Rollin, le président du comité de la foire de Beauvais. Après trois mois de confinement, c'est encore du métariel qu'on a dû acheter pour les gens puissent se sentir en sécurité. Chaque manège a présenté ses propres contraintes sanitaires parce que chaque manège est différent."

Rassurer les gens

Chaque forain doit porter un masque et le plexiglass devient obligatoire devant les confiseries. Il est désormais impossible pour les gourmands de toucher les paquets de bonbons pour vérifier si le nougat est tendre ou pas.

René Blot est forain depuis 40 ans. Une situation comme celle que nous traversons actuellement, il n'a jamais vu ça. Mais ce petit-fils et fils de forain se plie aux contraintes de nettoyage qu'il sait indispensables au succès de la fête. "On nettoie toutes les parties que les enfants touchent. Mais on ne peut pas nettoyer les volants par exemple à chaque tour, explique-t-il, un chiffon à la main, un spray de solution hydroalcoolique dans l'autre, devant une navette spaciale à taille d'enfant. Un petit, il va monter dans un véhicule de lui-même, en ressortir parce qu'il en a vu un autre qui lui plaît plus et il va monter dedans. On ne peut pas nettoyer derrière chaque enfant. On le fait tous les 3-4 tours. Le matin, on nettoie tous les intéreurs. Il nous faut une vingtaine de litres de solution hydroalcoolique par semaine. Mais il faut le faire. Les gens, ça les rassure. On essaye de s'adapter du mieux qu'on peut pour faire plaisir aux gens."

Pas de pompon

Un plaisir que l'on sent un peu gâché pour René par l'absence d'un symbole de la fête foraine : le pompon dans les manèges pour les petits : "le pompon, on n'a pas le droit le faire pour le moment. Vous imaginez ? S'il fallait le nettoyer à chaque fois ? C'est de la laine. A la fin de la journée, ça ne serait qu'une grosse boule toute collante, confie René. Et on ne peut pas mettre du gel hydralcoolique dessus. Donc dès qu'on peut refaire le pompon, on le refera. C'est ce qui amuse les enfants. Et les parents nous les confient pour ça. Les gens sont très, très attachés au pompon."

Trois mois sans ressources. Peu d'aides de l'Etat. La mairie a décidé d'exonérer les forains du droit de place et de ne pas leur faire payer l'eau et l'électricité. Et malgré les dépenses liées aux consignes sanitaires, le prix des manèges n'augmente pas. 

La fête foraine à Beauvais, c'est jusqu'au 5 juillet.

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