Mobilisation des agriculteurs devant l'Office français de la biodiversité à Beauvais après le suicide d'un des leurs : "c'est un décès de trop"

Le 3 octobre, un agriculteur mettait fin à ses jours. Après avoir été contrôlé en juin, il était convoqué dans les services de l'Office français de la biodiversité (OFB) de Beauvais pour être auditionné. Une enquête à charge selon la FDSEA qui établit un lien entre le geste et la convocation.

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Des agriculteurs de tout âge, leurs compagnes, les syndicats agricoles, 150 personnes se sont rassemblées mercredi 26 octobre devant les locaux de l'Office français de la biodiversité (OFB), pour rendre hommage à leur collègue et dénoncer une forme d'oppression, celle de la police de l'environnement.

"C'est toujours stressant parce qu'on a affaire à des technocrates qui ne connaissent pas la terre" se désole une agricultrice. "Quand on sait qu'aujourd'hui les contrôles sur les fermes se font par satellite, par le réseau sentinelle, ça nous arrive de nous gourer, comme tout le monde, admet Alexis Hache, président du syndicat betteravier de l'Oise. Il y a pas mal d'agriculteurs qui ne savent même plus, tellement il y a de réglementations, s'ils sont en règle ou pas. On n'est que des humains. On fait le mieux qu'on peut". 

"Ce qui est reproché, c'est la méthode"

La mobilisation fait suite au suicide de l'un des leurs, survenu le 3 octobre. Son geste reste inexpliqué. On évoque les conditions climatiques difficiles de cette année, le vol du coûteux GPS de son tracteur et surtout un contrôle judiciaire en juin dernier pour une pollution des sols. Il était convoqué mercredi 26 octobre dans les bureaux beauvaisiens de l'OFB.

La FNSEA reproche aux autorités une enquête à charge. Selon elle, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. "Ce qui est reproché, c'est la méthode, déplore Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA. On descend trois policiers de l'OFB, ils refusent même d'aller sur le terrain. On laisse sans suite du 1er juin jusqu’à début octobre et on convoque, un courrier qui est quand même très rude. Il arrive en pleine période des semis, en pleine période où il y a la crise des carburants. Il faut juste un peu d’humanité. C'est un décès de trop".

"On est tous concernés"

Devant les bureaux de l'Office français de la biodiversité, l'heure est au recueillement. Régis Desrumaux, président de la FDSEA Oise prend la parole : "On n’est pas là pour accuser telle ou telle personne. On est simplement là pour dire stop. Aujourd'hui, chacun d'entre nous peut se sentir concerné. On sait, dans ce qui est arrivé, qu’il y a plusieurs facteurs. La fatigue, le surmenage, les inquiétudes, mais on sait aussi que notre métier est vraiment pointé du doigt et on a tout un tas de choses qui nous mettent la pression". 

Il faut absolument qu'on sorte de la présomption de culpabilité pour revenir à la présomption d'innocence.

Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA.

Le syndicat est venu avec le certificat de décès de l'agriculteur. La police de l'environnement accepte néanmoins le dialogue. "Nous, nous sommes censés constater les infractions et faire remonter au procureur tous les éléments qui caractérisent cette infraction, rappelle Patrick Bertrand, directeur régional de la police de l'environnement. Des éléments matériels, des éléments moraux. La convocation à une audition permet au mis-en-cause d’expliquer les circonstances qui conduisent à ce constat. C’est un entretien qui se fait à charge et à décharge. C’est vraiment l’occasion pour la personne de se défendre et de se justifier par rapport à ce qu’on constate."

Après une heure de réunion, l'OFB met les points sur les "i" : la pollution s’étendait sur plusieurs centaines de mètres, dans un secteur à risque pour l’eau potable. Elle assure qu’elle n’utilise pas de satellites pour ce type d’infraction, que le port d’arme est une obligation légale et qu’elle est très attentive au sort des agriculteurs. 

"Ça me touche, assure Gwenn Chevalier, chef du service de l'Oise de l'OFB, parce que la finalité des contrôles, c'est qu'elle soit comprise et c'est dans un but humaniste que je revendique aussi. Parce qu'on n'est pas là pour faire en sorte que les gens ne se sentent pas bien suite à une action de police, mais c'est aussi tout simplement une question d'efficacité. Il n'y a pas d'efficacité si on suscite de l'incompréhension".

Les deux parties se sont promises de renforcer leur dialogue, mais le fossé d'incompréhension qui les sépare semble immense.

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