Sur un parking de Beauvais, plusieurs voitures font office d'abris pour des personnes sans domicile fixe. L'un d'entre eux, Laurent, installé ici depuis plus d'un an, a accepté de nous raconter son quotidien, alors que les premières gelées commencent à rythmer les matinées.
Alors que le soleil se lève sur le parking de la maladrerie de Beauvais, Laurent s'éveille dans sa voiture. Sans domicile fixe, le Beauvaisien de 52 ans vit dans ce véhicule depuis un peu plus d'un an. Chaque matin, il a un rituel : il se prépare un café qu'il consomme froid, faute d'équipement pour le réchauffer. "Ça fait un moment que je n'ai pas pris un café chaud", dit-il en haussant les épaules.
Après l'expulsion d'un logement insalubre et un dossier de surendettement bouclé, il a investi 300 euros dans une vieille Ford pour dormir à l'abri. "Ici c'est ma chambre, j'ai mon oreiller, mes couettes", montre-t-il. Dans un sac poubelle, il garde des affaires propres et des lingettes pour faire sa toilette. Dans le coffre, il a pu entreproser ses cannes à pêche, la seule activité qu'il s'autorise pour passer le temps. "Ça me détend beaucoup, explique-t-il. Même si je n'attrape rien, je suis au bord de l'eau, les chiennes vont à l'eau... Parce que rester enfermé 24h sur 24 dans une voiture, c'est un coup à devenir fou."
Des difficultés à retrouver un emploi
Routier, maître-chien, mécanicien, Laurent a enchaîné les boulots, mais aussi les années derrière les barreaux. Des hernies discales douloureuses et son passé compliqué l'empêchent de retrouver un emploi et donc, un logement. "À chaque fois, on m'envoie à droite à gauche et c'est toujours non, donc au bout d'un moment on lâche l'affaire", déplore-t-il.Depuis, il vit reclus sur ce parking. "Tout le monde peut se retrouver à la rue du jour au lendemain. Il faut bien se dire que si vous n'avez plus de boulot, vous ne pouvez plus payer votre appartement, on va vous faire une saisie dessus, vous mettre dehors et vous dire « maintenant, débrouillez-vous ! »"
Sa demande de HLM en attente
Une place en foyer lui a été proposée, mais il l'a refusée pour rester avec ses chiennes. "Mes chiennes, ce sont mes enfants. À choisir je préfère dormir dans une voiture que de les abandonner", affirme-t-il. Laurent aimerait bien avoir un petit studio, au pire un camping-car. "Le plus difficile c'est vraiment les repas froids. Il faut être dur mentalement parce que ce n'est pas toujours évident."Depuis la diffusion de notre reportage, Laurent reçoit régulièrement des visites. Des personnes qui viennent lui apporter de la nourriture et leur soutien.
Aujourd'hui, son médecin lui a fournit un certificat médical expliquant que ses problèmes de dos sont incompatibles avec le fait qu'il dorme dans la voiture. Il espère que ce document va faire avancer sa demande de logement social. En attendant, Laurent s'apprête à passer un hiver de plus dans cette voiture, une saison de plus à patienter.