Le 12 novembre 2022, Dan Blenda Dos Santos devait remettre en jeu son titre de champion de France de boxe des mi-lourds mais son adversaire a déclaré forfait. Ce n'est pas la première fois qu'un scénario pareil arrive. Malgré tout, rien ne semble le déstabiliser.
"Dan a le respect de son adversaire, il ne mettra jamais le coup de trop, il va se battre pour gagner mais pas battre pour blesser son adversaire". C'est de cette manière que Thierry Carpentier, directeur du site Initial de Ponte Sainte Maxence, décrit son employé, Dan Blenda Dos Santos.
C'est un portrait valorisant qui n'en est pas moins réel. Car le boxeur originaire de l'Oise sait s'y prendre sur le ring. Il est même devenu champion de France de boxe, titre qu'il doit remettre en jeu régulièrement. Mais à chaque fois, ses adversaires déclarent forfait à la dernière minute. Il n'en reste pas moins que Dan Blenda Dos Santos reste investi dans sa préparation.
En toute humilité, ça montre quand même qu’il y a un certain risque à venir. Si c’était un combat facile, ils viendraient.
Dan Blenda Dos Santos, champion de France de boxe des mi-lourds
Le souci de l'exigence
Ce lundi 17 octobre, l'entraînement est intense au Boxing Club Olympique de Pont Sainte Maxence (BCOP). Car le champion doit rester en forme. "J'essaie de me mettre la misère à chaque fois depuis un moment déjà. J'ai eu un petit déclic : je me mets dans des situations où je mets toute mon énergie sur tout ce que je fais, et ça se voit car je finis mort".
Déjà au début du mois d'août, il commençait "à réactiver la machine au niveau prépa physique avec beaucoup de séances au sac, à la musculation". Il a eu la date du match début septembre - prévu le 12 novembre à l'origine - pour défendre son titre. Mais avec le forfait de son adversaire Dylan Colin, la remise en jeu tombe à l'eau.
Celle-ci est pourtant importante car elle "assied notre position en France pour montrer qu'on n'est pas qu'un champion d'un soir : tu l'as défendu plusieurs fois donc ça vaut quelque chose". Mais malgré tout, il préfère garder de la réserve : "c'est rageant mais il y a des raisons qui poussent le mec à ne pas venir".
J’espère juste boxer. Je pense que ma grosse force c’est le mental par rapport à mes adversaires. Il faut que je boxe et que je monte sur le ring pour remettre en jeu mon titre de champion de France
Dan Blenda Dos Santos, champion de France de boxe des mi-lourds
Cette mentalité, il l'a aussi bien dans le ring qu'à l'extérieur. Dan Blenda Dos Santos n'est pas un boxeur à temps plein et il ne peut pas vivre de sa passion pour l'instant. "Les boxeurs n'arrivent pas à en vivre, surtout au niveau de Dan et au niveau de la France, note Thierry Carpentier. On n'a pas les mêmes structures que dans les pays comme l'Angleterre, donc forcément il n'y a pas de ressources financières suffisamment importantes pour qu'il puisse en vivre".
Mais grâce à son travail de chauffeur-livreur, il a trouvé "un bon compromis". Quelques semaines avant un combat, son employeur lui allonge ses temps de repos et lui "donne des semaines", ce qui est "vraiment arrangeant" aux yeux du champion.
Thierry Carpentier, qui le connait aussi bien en entrainement sur le ring (ils se sont rencontrés au BCOP) que dans le monde professionnel, parle des "deux facettes" de Dan : "une professionnelle où il est très investi dans son travail, très agréable et très poli, et puis il y a Dan sur le ring où là, c'est la panthère, son instinct ressort et il est mis en valeur sur le ring".
"On est tous sur le pont"
Au BCOP, son entraineur Giovanni Boggia partage la même exigence. Bien que le match soit annulé, "il n'y a pas d'interruption d'entrainement, insiste-t-il. On s'entraîne en permanence, on ne s'arrête jamais".
Il souligne également que cette annulation ne touche pas que le boxeur star, "c'est le lot d'un organisateur parce que je ne suis pas qu'entraineur, on organise aussi avec le club". Ils savent d'ailleurs qu'il peut y avoir des forfaits "jusqu'à la dernière minutes". Car si les sports collectifs peuvent se permettre de mettre un remplaçant, "dans un sport d'opposition, s'il n'y a pas d'opposant, c'est mort."
Giovanni Boggia et l'ensemble du club ressentent la frustration de Dan. Ils la partagent même. "Dan le gère comme il le peut, comme les dirigeants d'ici. Parce que derrière, c'est 30 bénévoles, c'est un président, un trésorier, une trésorière et des membres de bureau. On est tous sur le pont, il y a beaucoup de travail".
On est tous dans la même barque, il n'y a pas que Dan. Tout le monde morfle dans l'affaire.
Giovanni Boggia, entraineur de Dan Blenda Dos Santos
Mais pour Dan Blenda Dos Santos, tous ses efforts ne sont pas vains. "Je le vois comme du plus, explique-t-il. De préparation en préparation, à chaque combat, mon niveau augmente. Et par rapport aux combats, ça va se ressentir à chaque fois, mon niveau ne fera qu'augmenter parce que j'ai su rester droit."
Le champion de France de boxe "continue de s'entraîner comme s'il y avait un gros combat qui allait arriver". Le 12 novembre, le gala qui était censé l'opposer à Dylan Colin se tiendra toujours. "Il va faire comme s’il allait boxer, il y aura un gros test le jour du match ici", précise Giovanni Boggia.
En attendant, Dan Blenda Dos Santos reste "champion de France en titre, ça ne bouge pas". Quand il y aura quelqu'un en face, "ce sera bien et quand il y aura quelqu'un au niveau au-dessus, ce sera mieux", conclut-t-il en ajoutant rester "sur la même ligne directrice" depuis le début : entrainement, discipline et surpassement de soi.