Dans l’Oise, une centaine de lycéens s'entraînent au débat politique et à rédiger des lois. Objectif : participer à une simulation parlementaire, le 17 mai prochain, dans un véritable hémicycle, celui du Conseil économique, social et environnemental (CESE) à Paris.
"Vous voulez supprimer tout l’article ?", questionne un participant. "Non, juste le premier alinéa", répond son voisin. "Je ne suis pas d’accord", objecte un troisième. Derrière ces discussions qui pourraient s’apparenter à celles de politiques, se trouvent en réalité une trentaine d’élèves du lycée André Malraux, à Montataire (Oise).
S’entraîner à la prise de parole
Au beau milieu de leurs vacances, ils endossent le rôle de députés européens, représentant tout l’échiquier, de l’extrême droite à l’extrême gauche. Au cœur des débats du jour : la surconsommation dans l’industrie de la mode.
Devant une salle attentive, Amadou, assis à sa table et derrière ses notes, tente de convaincre : "Déjà, la fast fashion ne produit pas des vêtements durables. Cette industrie produit des vêtements qui durent un an ou deux ans maximum. La plupart des vêtements sont achetés pour ensuite finir à la poubelle."
"Cela permet de travailler toutes les compétences oratoires et donc de préparer le grand oral du bac. Ça permet aussi une émulation entre eux et de s'investir dans les études", estime Jean-Marc Ricard, proviseur du lycée André Malraux.
Découvrir ou redécouvrir l'Union européenne
En plus des ateliers de prise de parole, les lycéens ont suivi des cours de droit. "C’est très intéressant. J’ai beaucoup appris sur les organes politiques, notamment le Parlement européen et la commission européenne", confie Rayan, élève de terminale, 18 ans.
"Une énorme richesse", approuve Rémy, 17 ans, qui souhaiterait travailler dans la politique plus tard. "On se dit que si on était formés, on pourrait tous faire le travail des eurodéputés. La politique, ce n'est pas juste le truc d'une petite classe aisée, qui serait aux cheveux blancs et totalement déconnectée de la réalité. Ça permet de reconnecter les gens à la politique", estime cet élève de première.
Une association à l’initiative du projet
Tous devront bientôt mettre en application leurs nouvelles connaissances. Le 17 mai prochain, ils se retrouveront au sein de l’hémicycle du Conseil économique, social et environnemental (CESE), face à d’autres étudiants. "Ce sera l’aboutissement de tout ce travail en amont", estime Anthony Delatour, président de l’association JASCO, à l'origine de cet atelier.
"Il y aura un jury de personnalités, de parlementaires, de dirigeants d’entreprises, de personnes de la société civile qui seront là pour les entendre", poursuit Anthony Delatour.
Quand on vient de quartiers populaires, de Creil, de Nogent, de Montataire, on cherche à être écoutés par les décideurs publics et ils seront justement là pour les entendre.
Anthony DelatourPrésident de l'association JASCO
"J’attends d’eux du show, du spectacle et je suis certain qu’ils ne me décevront pas", conclut-il. À l'issue de leur simulation parlementaire, des prix seront décernés pour l'éloquence ou la maitrise des sujets abordés. Un événement symbolique, alors que les élections européennes auront lieu en France le 9 juin.
Avec Naïm Moniolle / FTV