Une partie des habitants du hameau de Saint-Maur sur la commune de Gournay-sur-Aronde dans l'Oise doivent quitter définitivement leurs maisons. Celles-ci sont en effet situées trop près de l'usine Storengy, classée Seveso.
L'usine Storengy de Gournay-sur-Aronde dans l'Oise stocke du gaz naturel : cette filiale de Suez GDF en entrepose 3 milliards de m3 à 700 mètres de profondeur. Un site dangereux classé Seveso.
Trois zones de risques
En 2014, un Plan de Prévention des Risques Technologiques (PPRT) a été mis en place autour de l'usine. Il évalue les risques potentiels et les impacts possibles sur les alentours en cas d'accident technologique. Dans son périmètre, 10 maisons du hameau de Saint-Maur. Trois sont en zone de risque très fort : les propriétaires sont expropriés et la municipalité a racheté leur maison. 7 autres sont en zone dite de délaissement (risque fort) : les propriétaires pouvaient rester mais à condition de réaliser de lourds travaux de sécurisation. Ils ont choisi de quitter les lieux et ont demandé à ce que soit rachetée leur habitation. Une troisième zone englobe des habitations dont les propriétaires doivent faire des travaux de renforcement obligatoires.Un coût de 3 millions d'euros pour la commune
Laurence De Smedt est concernée par deux des trois zones : les bâtiments de son corps de ferme sont en zone de délaissement et la maison principale, en zone de travaux obligatoires. Mais elle a décidé de partir, laissant la municipalité lui racheter sa propriété entre 150 000 et 250 000 euros. L'ensemble va être bientôt rasé. "On va éviter d'être présent quand ça arrivera, explique-t-elle, pour ne pas être trop triste. Mais nous on a la chance de pouvoir de se construire une autre vie ailleurs".Une mise en sécurité qui a coûté trois millions d'euros, en partie financés par l'État et l'entreprise. Daniel Forget, le maire, souhaite réhabiliter la zone soit en la reboisant soit en l'aménageant "pour protéger les habitants qui sont à la lisière du PPRT", précise-t-il.
Storengy a également dû contribuer à la sécurisation des lieux : la direction a investi 2,5 millions d'euros dans des travaux. Ces travaux ont permis de préserver 14 habitations de Lataule, un autre village concerné par le PPRT.
Les Hauts-de-France, 2e région en nombre de sites à très haut risque
Selon des données de la DREAL datant de 2017, notre région compte 157 établissements Seveso. 96 sont à statut dit "seuil haut" : ce sont les sites aux risques les plus élevés.Ce qui fait des Hauts-de-France la 2e région de France en nombre d’établissements à très haut risque.
Qu'est-ce-qu'un Plan de Prévention des Risques Technologiques ?
Depuis la catastrophe d'AZF à Toulouse en 2001, l'Etat prend toutes les précautions pour protéger les populations voisines des usines à risque. Les Préfectures doivent adopter des Plans de Prévention des Risques Technologiques (PPRT). Ces documents sont établis en association avec les acteurs concernés que sont les collectivités locales et les industriels. Ils sont adoptés après une enquête publique.Les PPRT concernent les sites industriels à haut risques dits "SEVESO seuil haut " et ont pour objet de délimiter un périmètre d'exposition aux risques, en tenant compte de la nature et de l'intensité des risques technologiques décrits dans les études de dangers et des mesures de prévention mises en œuvre. Quatre zones sont définies autour de l’établissement à risque :
- zone 1 : zone de dangers très graves pour la vie humaine;
- zone 2 : zone de dangers graves pour la vie humaine;
- zone 3 : zone de dangers significatifs pour la vie humaine;
- zone 4 : zone de dangers indirects pour la vie humaine par explosion des vitres.
Dans les zones ainsi délimitées, les PPRT peuvent imposer, selon le cas, des mesures d'expropriation ou de délaissement des bâtiments, des interdictions ou des autorisations de construire sous réserve de prescriptions, la réalisation de travaux sur des bâtiments existants pour protéger les personnes.
Source Préfecture du Nord