Le château de Chantilly met en place un programme "d'adoption" de livres. Le but : restaurer et sauvegarder une collection qui vieillit à cause du temps et des matériaux dont ils sont constitués. Plusieurs formules existent pour devenir mécène.
Dans le cadre d'un programme de remise en état du cabinet des livres, le château de Chantilly lance un appel au mécénat participatif. "Mécènes, entreprises ou particuliers amoureux des livres sont invités à adopter des ouvrages et à participer à leur entretien ou restauration", écrit le château dans un communiqué.
En effet, plus de 14 000 volumes datant de la fin du Xe siècle au début du XIXe siècle sont conservés au sein du cabinet des livres. Néanmoins, "la plupart de ces ouvrages sont poussiéreux et encrassés. Près d'un millier nécessitent en outre d'être restaurés car leur état trop fragile ne permet pas de les manipuler, numériser ou exposer."
Les livres anciens ne se conservent pas tout seuls
Comme l'explique le château de Chantilly, "contrairement à une idée répandue, les livres anciens ne se conservent pas tout seuls". Ils sont d'ailleurs souvent manipulés par des chercheurs ou présentés à des visiteurs amateurs.
Ce qui les rend aussi fragiles, ce sont les matériaux qui les constituent. Les livres des bibliothèques anciennes "sont essentiellement du parchemin" c'est-à-dire de la peau de mouton, de veau ou de chèvre, "du papier chiffon encollé à la gélatine, du papier bois encollé à la résine, du cuir, des colles animales".
En résumé, ce sont des matériaux organiques, mais aussi "hygroscopiques" : ils réagissent à l'humidité et à l'air. Aussi, il faut protéger ces livres de "toute une faune d'insectes et d'une flore variée de moisissures".
Les livres sont aussi soumis aux fluctuations de la température et de l'humidité qui "se traduisent par des phénomènes d'absorption et de désorption d'eau". Ceux-ci mènent à des "variations dimensionnelles des matériaux", entrainant ainsi sur le temps "une fatigue mécanique, une perte d'élasticité, de souplesse et de solidité". La sécheresse et la lumière les menacent également.
Un patrimoine riche
Le château de Chantilly possède en son sein 800 manuscrits des Montmorency et des Bourbon-Condé, qui lui ont été légués par Henri d'Orléans, duc d'Aumale, connu sous le titre de "prince des bibliophiles", en 1884.
On y trouve notamment la bibliothèque Standish et la célèbre collection parisienne d'Armand Cigongne. Mais aussi les Très riches Heures du duc de Berry (1856), les miniatures réalisées par Jean-Fouquet pour les Heures d'Etienne Chevalier, "aujourd'hui visibles dans le Santuario du musée Condé".
Au total, le cabinet des livres du château abrite 1 500 manuscrits dont 500 de l'époque médiévale. "On dénombre 200 manuscrits à peintures médiévaux, dont le plus ancien date du Xe siècle".
Cette collection, précieuse, l'est aussi parce qu'un grand nombre d'exemplaires sont uniques. D'où l'importance d'une restauration à grande échelle.
Entre 200 et plusieurs milliers d'euros
Il existe plusieurs budgets pour participer à ce mécénat d'un autre genre. "L'adoption d'un livre ancien" varie entre 200 et plusieurs milliers d'euros. Celle-ci est déductible en partie des impôts.
Les mécènes les plus "généreux", quant à eux, peuvent même se voir proposer une armoire entière sur les 38 présentes dans le cabinet des livres.
Plusieurs formules existent pour contribuer à la restauration et à la sauvegarde de ces œuvres historiques. Elles sont disponibles sur le site du domaine de Chantilly.