Cinéma. Mathieu Vadepied présente son film "Tirailleurs" à Méru, dans l'Oise : "et si le Soldat inconnu était un tirailleur sénégalais ?"

Samedi 7 janvier, Mathieu Vadepied est venu présenter son dernier film, "Tirailleurs" au cinéma le Domino, à Méru, dans l'Oise. Une ville que le réalisateur connaît bien puisque son père Guy, en a été le maire pendant dix-huit ans. Il nous raconte la génèse de son histoire portée à l'écran et coproduite par Omar Sy.

Depuis la sortie en salle du film "Tirailleurs" mercredi 4 janvier, tout s'accélère pour son réalisateur. Mathieu Vadepied est venu présenté samedi son deuxième long-métrage au cinéma le Domino, à Méru, petite ville de l'Oise qu'il connaît bien puisque son père, Guy Vadepied, en a été le maire de 1977 à 1995. 

Et le public était au rendez-vous. Un défi pour le réalisateur qui a porté le projet pendant dix ans. Le film raconte l'histoire méconnue des tirailleurs sénégalais pendant la Grande Guerre à travers celle d'un père et de son fils, enrôlé de force.

"Et si le Soldat inconnu était un tirailleur sénégalais ?"

"L'idée du film est née en 1998, se souvient Mathieu Vadepied, avec l'image du dernier tirailleur sénégalais Abdoulaye N'Diaye, enrôlé de force en 1914. L'homme est mort à 104 ans, la veille du jour où Jacques Chirac devait le décorer de la légion d'honneur. Ça m'a énormément touché. Ça a été un des moments où j'ai décidé de faire le film". 

Restée dans un coin de sa tête, l'idée fait son chemin. "Et si le Soldat inconnu était un tirailleur sénégalais ?". En 2010, Mathieu Vadepied participe au tournage d'"Intouchables". Il y rencontre Omar Sy à qui il évoque son idée. Les deux hommes gardent le contact. C'est sûr, l'acteur sera de l'aventure.

Mathieu Vadepied mettra six ans à écrire l'histoire avec la collaboration d'Olivier Demangel. Six ans pendant lesquels le scénario sera plusieurs fois entièrement réécrit.

Le propos, c'est vraiment d'essayer de retranscrire l'expérience de ces tirailleurs qui ont participé à la Première Guerre mondiale, à la Deuxième, aux guerres d'Indochine et d'Algérie, pour retracer l'histoire de ces personnes qui, pour certaines, sont mortes pour la France au même titre que les Poilus pour la guerre 14 et de leur donner la place qu'ils devraient avoir dans notre pays, dans notre mémoire commune.

Mathieu Vadepied, réalisateur

à Dominique Patinec, 19/20 France 3 Picardie

Voici le résumé du film : 1917. Bakary Diallo s'enrôle dans l'armée française pour rejoindre Thierno, son fils de 17 ans, qui a été recruté de force. Envoyés sur le front, père et fils vont devoir affronter la guerre ensemble. Galvanisé par la fougue de son officier qui veut le conduire au cœur de la bataille, Thierno va s'affranchir et apprendre à devenir un homme, tandis que Bakary va tout faire pour l'arracher aux combats et le ramener sain et sauf.

Entre intimité et Grande histoire

Pour rester au plus près de la réalité, le réalisateur choisit dès le départ de ne pas tourner qu'en français. Les personnages parlent le français mais aussi le peul ou encore le wolof. Un choix largement validé par l'acteur Omar Sy qui maîtrise la langue peule. "Les tirailleurs dits sénégalais étaient issus de beaucoup de pays des anciennes colonies françaises, souligne le réalisateur, donc il y avait énormément de langues qui étaient parlées, qui faisaient que les tirailleurs entre eux, ne se comprenaient pas souvent. Aujourd'hui, même au sein d'un seul pays comme au Sénégal, il y a un nombre assez important de langues. Ça, ça retranscrit une authenticité de nos personnages. C'est de ne pas les faire parler un français avec un accent ou fabriquer un accent. Ça retranscrit aussi la difficulté qu'ils ont pu avoir à se retrouver perdus, sans repères, avec le froid. Ils n'avaient plus les codes. Tout ça contribue à essayer de donner à vivre aux spectateurs ce qui a pu être cette expérience des tirailleurs arrachés de chez eux, pour certains de force, d'autres volontaires mais partis à 5000 km de chez eux".

Et pour mieux rendre compte de ce sentiment de perdition, les visages des personnages sont filmés au plus près. "Avec le chef opérateur Luis Armando Arteaga, on voulait que la caméra soit à l'intérieur même des combats, c'est-à-dire qu'elle soit au plus près des corps et qu'on donne ce sentiment d'expérience qui est quasiment impossible à raconter, à transmettre et d'être sans artifices". 

"'Tirailleurs' est un film de guerre intimiste !" reprend Omar Sy.

Je veux dire que c'est un film intimiste en pleine guerre, c'est-à-dire que c'est l'intimité de ces hommes-là révélée dans un contexte de guerre. La guerre vue à hauteur d'homme. Pour moi, c'est la seule manière de raconter.

Omar Sy, comédien et coproducteur du film

Dans sa version définitive, le film est interprété par Alassane Diong et Omar Sy, qui a tenu à être aussi coproducteur. "En coproduisant le film, je veux montrer que mon implication va au-delà d'être à l'affiche. C'est une implication qui dépasse celle de l'acteur. Je crois beaucoup en cette histoire, c'est important pour moi qu'elle existe, et j'ai envie d'aider à la faire connaître du mieux possible. j'ai pensé qu'en être seulement l'acteur n'était pas suffisant. Jouer et coproduire sont deux formes de soutien".

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