À Compiègne, une créatrice conçoit des maillots de bain fabriqués à partir de filets de pêche abandonnés dans la mer

Orlanne Crauet, originaire de l'Oise, a lancé sa marque de maillots de bain à partir de tissus recyclés italiens composés de filets de pêche abandonnés dans la mer. Les modèles sont produits à Milan et vendus en boutique à Compiègne, Bordeaux et Paris.

Chaque année, 640 000 tonnes de matériel de pêche sont perdues ou abandonnées en mer. Pour tenter d’apporter une solution au problème, l’Isarienne Orlanne Crauet a lancé sa propre marque de maillots de bain…en filets de pêche recyclés.

"Je suis passionné de mode, j’ai travaillé à Londres pour le marketing de grandes marques d’habillement. Certaines proposent des collections outlet (ndlr : vente des anciennes collections à prix réduits) avec des -70% ou -80%, en sachant qu’ils n’ont pas le droit de vendre à perte, je me suis posée la question de la vraie valeur de ce que je vendais. Il y a une vraie surestimation de la demande, je me suis rendue compte de la réalité de l’industrie sur le terrain", résume la jeune créatrice.

Orlanne a alors voulu changer de vie pour faire partie de la solution et non plus du problème. Durant ses recherches sur l’essor de la mode durable, elle constate qu’une catégorie n’est pas concernée : le maillot de bain : "j’ai trouvé cela étrange, car on porte le maillot de bain dans la nature, dans l’eau, où l’on voit directement l’impact de la pollution plastique", s’interroge la créatrice. 

Un tissu en filets de pêche et vieux tapis 

Elle se tourne alors vers Healthy Seas, une association de protection des océans. Pendant leurs opérations de nettoyage des littoraux et des mers depuis 2013, les plongeurs bénévoles ont récupéré 773 tonnes de filets perdus en mer.

Ce sont ces filets qui composent les fibres de nylon utilisées par les Alcyonides Swimwear, la marque lancée par Orlanne. "Le fabricant du tissu y ajoute également des fibres de nylon récupérées auprès de l’industrie d’ameublement ou issues de vieux tapis destinés à la décharge", précise la jeune femme. Le tissu est recyclé et recyclable.

Pour la deuxième collection, la marque va encore plus loin, en utilisant ses chutes de tissu pour confectionner trois des quatre nouveaux modèles.

C’est en Italie que tout se passe…ou presque. Les modèles sont dessinés par Orlanne depuis Compiègne dont elle est originaire. Ils sont ensuite envoyés à l’atelier de Milan pour être produits. "Les maillots de bain ne prennent pas l’avion, ils parcourent au total 400 km, contrairement à la fast fashion, où un t-shirt parcourt plutôt 40 000km pour être fabriqué et livré à travers le monde", souligne-t-elle.

Un prix "équitable"

Les maillots de bain d’Orlanne sont vendus entre 95€ et 105€. Des prix bien au-dessus de ceux de la fast fashion (la mode éphémère), mais la fondatrice des Alcyonides Swimwear l’affirme : "j’ai bien conscience que je ne peux pas toucher tout le monde, mais pour du fabriqué entièrement en Italie, ce n’est rien du tout, les prix sont équitables, on a réduit nos marges, mais le durable a un certain coût". La cheffe d'entreprise ajoute : "je trouve cela fou que l’on exhorte les consommateurs à acheter plus durable, tout en leur proposant des prix exorbitants."

Les maillots de bain sont proposés sur Internet, et dans plusieurs boutiques physiques comme à Compiègne, Bordeaux, ou encore Paris.

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