La manifestation annuelle en faveur des droits des personnes homosexuelles et transgenres prendra place cette année dans l’Oise, samedi 11 juin à Compiègne, et dans l’Aisne, le 18 juin à Saint-Quentin. Une première dans ces deux départements ruraux où les communautés LGBT+ manquent de visibilité.
"Enfin", s’exclame Claire Lequievre, présidente de l’association isarienne Clin d’Œil LGBTqi+. "C’est une énorme victoire."
45 ans après la première marche des fiertés organisée en France, elles se tiendront cette année, pour la première fois, dans l’Oise et l’Aisne. "Heureusement que ça arrive", renchérit Guillaume Doizy, président de l’association Fier.e.s et queer, située à Saint-Quentin. "On se réjouit mais en même temps, on se désole."
Un sentiment partagé car l’organisation tardive de ces manifestations en faveur des droits des personnes homosexuelles et transgenres révèle la faible visibilité de la communauté LGBT+ (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) de ces deux départements picards.
"Dans les petites villes, c’est compliqué de s’afficher"
Samedi 18 juin à 14h30, la place de l’Hôtel de ville à Saint-Quentin va se parer de drapeaux arc-en-ciel. Cette première marche des fiertés axonaise est à l’initiative de Fier.e.s et queer, une association née en décembre 2021. Elle compte déjà une vingtaine de membres, de 16 à 60 ans, organisant chaque mois des événements culturels dans la ville. "Un effort militant" très récent qui, selon Guillaume Doizy, a permis le lancement d’une marche cette année.
Jusqu’à présent, aucun lieu ni mouvement associatif LBGT+ n’existait dans l’Aisne. "Plus on s’éloigne des grands centres urbains, plus il est difficile de mettre en œuvre des événements, explique le président de Fier.e.s et queer. Dans les petites villes, c’est compliqué de s’afficher." D’après Guillaume Doizy, il ne s’agit pas d’une homophobie généralisée ou apparente dans l’espace public mais plutôt "latente", poussant des personnes LGBT+ à se cacher : "beaucoup n’osent pas encore sortir du placard", ajoute-t-il.
Compiègne, bastion de la "Manif pour tous"
Même constat dans l’Oise : "peu de choses existent pour orienter et aider les jeunes s’identifiant LGBT, admet Claire Lequievre. Beaucoup n’ont pas les moyens d’aller dans les grandes métropoles et se retrouvent isolés."
Par ailleurs, la présidente de l’association Clin d’Œil LGBTqi+, basée à Clermont, pointe du doigt la municipalité de Compiègne ayant instauré un "climat défavorable" aux mouvements LGBT+. Le maire, Philippe Marini, avait voté contre le Pacte civil de solidarité (Pacs) en 1999 et s’est depuis affiché aux côtés de la "Manif pour tous", l’association, opposée à la légalisation du mariage homosexuel, qui s’était fait connaître en 2013. Pour preuve, "la municipalité ne nous a jamais soutenus techniquement", assure Claire Lequievre. "Elle a même refusé de domicilier notre association à Compiègne", cite-t-elle, en exemple.
Fédérer les communautés LBGT+ en Picardie
Pas de quoi arrêter le collectif Marche des Fiertés Compiègne, comptant une dizaine de personnes. Leur demande de manifestation, déposée en préfecture, a été acceptée. La marche partira du château de Compiègne, samedi 11 juin, à 14h. "L’idée est de fédérer la communauté de l’Oise. C’est important de montrer que l’on existe et que l’on est fier de ce que nous sommes", explique Claire Lequievre.
À Compiègne comme à Saint-Quentin, les marches seront ponctuées de prises de parole d’associations, telles que SOS Homophobie, pour alerter notamment sur la hausse du nombre d'agissements violents envers les personnes LGBT+. "Depuis la légalisation du mariage pour tous, les actes homophobes ne font qu’augmenter en France." À travers ces marches, les différents collectifs picards veulent aussi montrer que "les droits humains ne sont jamais acquis".