Johan Laversane, un jeune Isarien de 29 ans, est mort le 3 juin après un calvaire dans différents hôpitaux d'Île-de-France. Ses parents accusent les urgences d'Aulnay-sous-Bois de négligence et envisagent de porter plainte.
Y a-t-il eu de graves négligences dans le traitement médical de Johan Laversane, un jeune homme de 29 ans décédé des suites d'une hémorragie interne après un calvaire aux urgences de différents hôpitaux ? C'est ce que dénoncent les parents du jeune homme.
Des douleurs et un malaise
Le 1er juin 2018, alors en déplacement professionnel à l'aéroport de Roissy, Johan Laversane est pris de douleurs et fait un malaise, peu avant midi. Tout de suite emmené aux urgences de Roissy, le médecin de garde suspecte un problème grave et le fait transférer à l'hôpital d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) pour des examens approfondis. "Tout d'abord, ils l'ont mis en zone orange et pas en zone rouge [zone pour les cas prioritaires, NDLR]", raconte Roger Laversane, père de la victime.
Admis peu avant 16h aux urgences, il ne sera pris en charge qu'à 18h30. Finalement, un médecin autorise sa sortie à 21h30 avec pour seul examen, une analyse de sang. "Quand il a demandé de l'eau à une infirmière, elle lui a dit que ce n'était pas son problème !", s'insurge Roger Laversane.
Du côté du CHI Robert Ballanger, on affirme (par communiqué) avoir examiné le patient "conformément aux protocoles et règles de l’art." Selon eux, "les examens ont confirmé l’absence de signes de gravité déjà constatés initialement. Après observation, une évaluation clinique a été effectuée et a permis de prendre la décision d’un retour au domicile. Rien dans le résultat des examens effectués ne pouvait laisser présager des causes possibles de la mort."
"Chirurgie de guerre"
Faisant confiance au diagnostic du personnel soignant, Johan Laversane est cherché par des amis à lui qui le raccompagnent près de chez lui (à Hémévillers dans l'Oise), vers Compiègne, et dînent dans un fastfood. Mais il se plaint à nouveau de grosses douleurs. Ses compagnons le transportent alors à l'hôpital le plus proche, celui de Senlis. Cette fois-ci, le médecin de garde qui l'examine décèle tout de suite une blessure grave. Il est alors 23h.Transféré à l'hôpital Lariboisière à Paris, son cas est pris très au sérieux. "Le docteur nous a dit qu'il allait faire une chirurgie de guerre. On a beaucoup souffert. Ils ne faisaient que de le transfuser. Ils ont tout essayé." Las, Johan Laversale décède un jour après, à 3h44 heures du matin.
Des urgences sans moyens
Preuve d'une négligence selon Roger Laversane, l'hôpital Robert Ballanger d'Aulnay-sous-Bois aurait traîné des pieds pour fournir les documents de la prise en charge de leur fils. «Nous avons dû y aller trois fois avant qu'un médecin prenne la responsabilité de nous les donner. On a été reçu ensuite par la direction. Ma fille qui travaille dans le domaine médical leur a dit que leurs urgences étaient une poubelle. Ils ont répondu : "on le sait, mais ce n'est pas notre faute, c'est celle du gouvernement, nous n'avons plus de moyens."»Un constat que réfute ce père de famille : "On sait qu'ils ont des difficultés de moyens, mais ce n'est pas la faute du gouvernement si mon fils est mort. Ils doivent assumer leur négligence."
Par communiqué, l'hôpital affirme pourtant "travaille[r] en toute transparence avec la famille." Et d'ajouter : "Une analyse est en cours au CHI Robert Ballabger afin de déterminer tous les facteurs de la prise en charge."
Mais les parents du jeune homme en sont convaincu, il y a bien eu négligence et entendent bien mener leur combat jusqu'au bout "pour éviter que cela arrive à quelqu'un d'autre." Et d'ajouter : "C'est très dur, ils ont pris mon fils alors que cela aurait pu être évité. Vous voyez votre fils le mardi qui sourit, ensuite vous le revoyez dans le coma. Je ne leur pardonnerai pas." Johan Laversane laisse derrière lui une petite fille de 4 ans et demi.