Pendant une heure, des étudiantes en master de commerce à Compiègne rencontrent des collégiennes pour les informer sur les protections menstruelles. Tampon, cup, serviette hygiénique réutilisable ou non, tout est passé au peigne fin pour que les adolescentes aient le plus d'informations possibles à l'heure où les menstruations restent encore un sujet tabou.
Pour certaines adolescentes, parler de menstruations avec sa famille peut se révéler difficile. C'est pourquoi un groupe d'étudiantes en école de commerce à Compiègne a décidé, à travers leur projet scolaire, d'intervenir dans des établissements scolaires.
"Étant en master 1, on a un projet associatif à mener durant toute l'année, donc on a décidé de reprendre celui-ci, explique Lucie Weiss-Houvertus, étudiante à l'ESC Compiègne et membre de l'association Red Alert. Il existait déjà l'année dernière et il nous tenait à cœur. On a été touchées par ce projet donc on a décidé de le continuer afin que ça aboutisse à quelque chose".
Casser le tabou autour des menstruations
Le projet consiste à collecter et redistribuer des protections hygiéniques, mais aussi d'informer les collégiennes, "à leur faire découvrir toutes les protections hygiéniques qui existent, leur laisser choisir celles qu'elles préfèrent". Les étudiantes veulent leur montrer qu'au-delà des tampons et des serviettes, il existe tout un tas d'alternatives "qui sont tout aussi bien".
Justine Cabral, étudiante, elle aussi, renchérit : "on essaie de leur transmettre tout un savoir, principalement pour casser les tabous". En effet, encore aujourd'hui, de nombreux tabous existent autour des menstruations et des différentes protections hygiéniques. "Quand j'étais plus jeune, je n'ai jamais reçu de formation là-dessus, je n'ai jamais été informée, ça a toujours été du bouche-à-oreille à droite à gauche, ou moi qui cherche l'information", indique-t-elle.
La jeune femme estime qu'il est de leur mission d'aller vers la nouvelle génération pour leur apporter des savoirs qu'elles n'ont pas forcément. "Il y a plein de choses dont elles ne sont pas au courant, constate Justine Cabral. On se rend bien compte qu'il y a des protections et des aides qu'elles ne connaissaient pas. Si on ne leur en parle pas, elles ne le sauront pas, alors que c'est super important et que ça fait partie de leur quotidien."
"Le message passe mieux"
Noëlle Micallef, infirmière scolaire, est satisfaite de voir des étudiantes venir s'adresser aux collégiennes de 4e et 3e. "Elles ont une attitude différente parce que ce ne sont pas des enseignants, leurs enseignants, ce sont des étudiantes qui viennent d'une autre école et qui, en plus, sont jeunes", détaille-t-elle. Elle constate que les élèves sont davantage à l'aise en présence de Lucie et Justine. D'autant plus qu'il est compliqué pour certaines de parler de ce sujet-là avec leurs proches.
C'est le cas, par exemple, d'une collégienne de 14 ans qui affirme avoir appris "beaucoup de choses, comme le fait que la culotte menstruelle, ça ne tache pas, et que par exemple, on pouvait être remboursées" pour les moins de 26 ans. Elle regrette d'ailleurs le fait que "beaucoup d'hommes disent que c'est tabou alors que ça ne devrait pas l'être, surtout à notre âge".
Une autre de ses camarades, quant à elle, n'a pas l'habitude d'en parler à ses proches. Elle espère gagner en confiance et se sentir davantage à l'aise à l'avenir pour aborder ce sujet.
Mission réussie pour l'association Red Alert, qui continuera ses interventions dans d'autres établissements.
Avec Mary Sohier / FTV