Les rumeurs sur le coronavirus courent notamment sur les réseaux sociaux. Celle qui fait le plus réagir laisse entendre que le virus est arrivé en France à cause de militaires de la BA 110 de Creil dans l'Oise. 16 ont en effet participé au rapatriement des premiers Français de Wuhan en Chine.
Le samedi 29 février, lors de la première conférence commune du préfet de l'Oise et du directeur de l'Agence régionale de santé sur le coronavirus dans le département, le colonel Bruno Cunot, commandant de la base aérienne de Creil, confirmait que 16 de ses hommes ont participé au rapatriement des 193 premiers Français de Wuhan le 31 janvier vers Istres. C'est dans cette ville de Chine que le virus a fait son apparition.
Plusieurs cas sur la BA 110
Selon le militaire, "les personnes rapatriées le 31 janvier ont été testées deux fois lors de leur quarantaine et tous les tests se sont révélés négatifs. Par ailleurs, les personnels qui ont participé à cette mission n’ont à ce jour développé aucun symptôme".
La veille, trois militaires, des aviateurs, avaient été testés positifs au Coronavirus et transférés à l'hôpital militaire Bégin à Paris. Deux jours plus tot, le premier cas de coronavirus détecté dans l'Oise concernait un personnel civil de la BA 110.
Mais selon le ministère de la Santé, le virus n'est pas entré en France avec les militaires de la base aérienne de Creil ayant participé au rapatriement. Ce n'est pas là qu'il faut chercher le patient zéro.
Faire planer le doute
Deux jours après la déclaration du colonel Cunot, Le Parisien met en doute les éléments. Selon nos confrères, les militaires ayant participé au rapatriement de Wuhan n'ont pas ni été testés ni confinés à leur retour de Chine.
Les militaires de l'Oise n'ont eu ni test biologique ni confinement au retour de Chine #coronavirus #COVID2019 > https://t.co/KMogJEiOfL pic.twitter.com/rgr7KoIre2
— Le Parisien (@le_Parisien) March 1, 2020
Une aubaine pour les communautés idéologiques et numériques qui aiment semer le doute lorsque l'Etat est en cause. Nombreuses sont celles qui s'emparent de l'affaire pour asseoir l'idée d'un complot. Une idée qui trouve rapidement un écho auprès des internautes qui n'hésitent pas à partager les posts des pages Facebook adeptes de la post-vérité.
L'agitation commence à faire tellement de remous que mardi 3 mars, la Grande muette s'est sentie obligée de parler et de démentir cette rumeur. Sur son site internet, le ministère de la défense a publié un communiqué qui met les choses au point.
Trois fois non
Lors du rapatriement des Français de Wuhan, les militaires de la BA 110 de Creil portaient des masques "de type FFP2, offrant un très haut niveau de filtration, habituellement destinés au personnel de soin". Arrivés à Wuhan, aucun d'eux n'est descendu de l'avion. Par ailleurs, les passagers avaient subi un contrôle médical.
Au l'arrivée en France, l’équipage a été confiné pendant 14 jours. Tous sont restés chez eux. Au terme de cette période, aucun ne présentait de symptômes.
Les rapatriés confinés à Carry-le-Rouet
Les 193 Français rapatriés par les militaires de Creil étaient asymptomatiques. Ils ont néanmoins été isolés pendant 14 jours dans un centre de vacances à Carry-le-Rouet. Chacun d'eux a passé un test au coronavirus. Tous se sont révélés négatifs. "Aucun des passagers n’était donc malade", conlut le ministère de la défense. Et d'ajouter "l’enquête épidémiologique en cours dans l’Oise a conclu qu’il n’y avait aucun lien entre le vol de retour de Wuhan et le « patient 0 » de l’Oise".Pas d'intervention pédogagique à Crépy-en-Valois
Pour parfaire la thèse selon laquelle le coronavirus vient de la base militaire de Creil, une autre rumeur a fait jour sur les réseaux sociaux. Selon elle, les militaires ayant participé au rapatriement de Wuhan, auraient donné en février une conférence au collège Jean de la Fontaine et au lycée Jean Monnet de Crépy-en-Valois. "Non, aucun personnel de l’Escadron Esterel n’a fait d’intervention au collège ou au lycée de Crépy-en-Valois au mois de février", assène la Défense.
A ce jour, l’ARS et le service de santé des armées cherchent toujours comment le virus a pu entrer dans la base.