Loïc Pen, chef du service des urgences de l'hôpital de Creil dans l'Oise, démissionne de son poste. Il s'oppose à la fermeture de la maternité de l'établissement décidée par l'agence régionale de santé (ARS) des Hauts-de-France.
Il travaillait aux urgences de l'hôpital de Creil (Oise) depuis 2003. Le 24 décembre, Loïc Pen a annoncé qu'il quitte son poste de chef de ce service. C'est dans le dernier numéro de Oise avenir, le média interne du Parti Communiste de l'Oise, que le médecin explique sa décision.
Il y a 10 jours, le transfert de la maternité de Creil vers celle de Senlis a été officialisée dans un compte-rendu de l'agence régionale de santé (ARS). Après des mois de mobilisation des personnels, des habitants et des élus, il n'y aura plus de maternité à Creil dès janvier 2019. Les femmes enceintes du secteur devront aller accoucher à une dizaine de kilomètres, à Senlis.
40% de la population n'a pas de véhicule
Le problème pour le Dr. Pen , c'est le danger auquel cette fermeture expose le personnel médical et les patientes. Cette décision ne prend pas en compte la spécificité du bassin de population dans lequel se situe l'hôpital de Creil : "les urgences vont se retrouver à faire des accouchements alors qu'aucun des médecins qui y travaillent n'est formé pour ça, explique-t-il au téléphone. Nos urgences sont déjà largement saturées et ajouter des accouchements à la liste de nos domaines d'intervention, c'est aggraver le problème : 40% des habitants du plateau creillois n'ont pas de véhicule. Donc ce sera vers nous que les femmes enceintes se tourneront quand viendra le moment pour elles d'accoucher. C'est un bel exemple de macronisation du service public".Loïc Pen juge par ailleurs scandaleux qu'une maternité de niveau trois, à savoir, capable de prendre en charge des accouchements problématiques, soit fermée : "c'est une première en France", assure-t-il.
Plus que trois maternités dans l'Oise
Autre aberration pur lui dans cette décision de l'ARS : la scission en deux du service pédiatrique de Creil, la néonatalogie étant elle aussi transférée à Senlis. Chaque année, 1 500 enfants naissent à la maternité de Creil. Le projet de transfert des services de la maternité de Creil et de celle de Clermont vers l'hôpital de Senlis, annoncé fin 2017, prendra effet en janvier prochain. Le département ne comptera alors plus que trois maternités, à Beauvais, Senlis et Compiègne. Un nombre important de femmes enceintes pourraient alors se retrouver à une demi-heure de voiture de l'un des trois sites.
Une mobilisation est prévue le 28 décembre pour tenter de faire revenir l'ARS sur sa décision.