C’est une occupation très utile en ces temps de confinement. Comme de nombreux Français, les Compagnons du Marais, association creilloise venant en aide aux personnes en situation précaire, se sont lancés dans la confection de masques artisanaux pour les offrir à des associations caritatives.
"L’idée de départ était déjà de fabriquer nos propres masques, étant donné que nous n’en avions aucun. Et puis, les résidents se sont pris au jeu et ont eu la volonté d’en offrir à d’autres structures comme le Samu Social et le Secours Populaire", explique Bruno Bianchi, le directeur des Compagnons du Marais. "L’objectif était de fabriquer 300 masques en une semaine. Ce vendredi soir, nous en sommes à 580. Ils ont su relever le défi. Cet atelier de couture entre aussi dans un projet d’insertion et de valorisation des résidents".
Défi relevé et résidents valorisés
Depuis 1968, l’association vient aide aux personnes en difficulté sociale. Créés au départ pour les hommes souffrant d’addiction à l’alcool, aujourd’hui les compagnons accueillent femmes, hommes et enfant en situation précaire dans leur centre de Creil dans l'Oise.Depuis une semaine, dans une salle habituellement réservée à des formations professionnelles, les volontaire se relaient de 9h à 16h sur les quatre machines à coudre. "Dix personnes maximum dans la salle, chacun à un mètre au moins de distance, nous respectons les gestes barrières", précise Francis Smail, l’un des responsables de l’association sportive. "Nos footballeurs se sont convertis en couturiers. Certains se sont même découvert un talent caché. Vu la situation, il était impensable de rester les bras croisés. Il ne faut pas tout attendre de l’État, il faut aider aussi !"
Prenant exemple sur un tutoriel trouvé sur internet, la production se fait maintenant quasiment à la chaîne. De l’assemblage à la finition, il faut dix minutes pour confectionner un masque dont le tissu vient d’un stock de l’association ou de dons. "J’ai appris sur le tas, je n’avais jamais touché une machine à coudre" nous confie Fabrice, 37 ans, chez les Compagnons depuis un an, après avoir dormi dans la rue. "On ne se met pas de pression. À la base, c’est pour s’occuper, se changer les idées. Le confinement m’angoisse un peu. Je ne sors que pour m’acheter des cigarettes, avec un masque évidemment."
Sabine, 19 ans, est lycéenne. Elle est hébergée avec sa mère par les Compagnons du Marais. Dès que l’atelier couture a vu le jour, elle n’a pas hésité une seconde : "Je couds depuis l’âge de 16 ans. En cette période de confinement, je ne sors qu’une fois par semaine de notre studio, donc c’est l’occasion de s’activer. Toute la journée, on est enfermés. C’est une bouffée d’oxygène."
Après le baccalauréat qu’elle espère décrocher en juillet, Sabine souhaite suivre des études d’infirmières. Admirative devant le dévouement des professionnels de santé, elle tient à préciser : "Pendant cette pandémie, le personnel soignant est en première ligne. De mon côté, je reste chez moi et je confectionne des masques, c’est ma façon de les aider et de lutter contre le virus."
Aujourd’hui, le gouvernement demande aux Français de ne pas "porter inutilement" de masques pendant leurs sorties. Néanmoins, dans ses recommandations, l’Académie de médecine préconise à la population de porter un masque pendant le confinement, mais aussi après.
L’équipement confectionné par les Compagnons du Marais n’est bien sûr pas aussi efficace qu’un masque destiné aux professionnels de santé, mais il permet de limiter la contamination aérienne par les postillons.