Dans l'Oise, les entreprises partent à la chasse aux apprentis : "notre plus grand souci, ce n'est pas de trouver des clients mais des collaborateurs"

Trouver des apprentis, un casse-tête pour bon nombre de patrons. Dans l'Oise, certaines entreprises font tout pour recruter des jeunes en contrat d'apprentissage ou de professionnalisation avant les congés d'été.

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Il est en pleine campagne de recrutement. "On a reçu quelques candidatures mais on a encore de la place." Hervé Soyer, directeur du supermarché Auchan à Noyon, espère engager une dizaine d'apprentis pour la rentrée de septembre. Il souhaite notamment trouver dans les secteurs de la boulangerie, boucherie, poissonnerie, pâtisserie et traiteur. Le magasin, premier employeur privé de la ville avec 220 salariés, veut accélérer la formation dans les métiers de bouche.

Mais la tâche n'est pas simple. La faute, selon Hervé Soyer, à certains a priori. "Ce n’est pas toujours vécu comme un gage de réussite sociale de devenir boucher ou poissonnier. Je pense qu’il faut revaloriser ces filières qui destinent les jeunes à des métiers traditionnels. (...) Certains ont plus une vocation à faire un métier manuel. Dans les métiers de bouche, tous les jours, on sort quelque chose. Un boulanger, il est content de faire du bon pain. Il y a une forme de magie", avance le patron.

Du CAP au master

L'hypermarché cherche des jeunes pour des contrats d’apprentissage et de professionnalisation, du CAP au master. "Ce sont des cycles d'une semaine à l’école maximum. Le reste du temps, ils sont en entreprise." L'objectif pour le groupe créé en 1988 sous le nom Mammouth : embaucher ces jeunes à l'issue de leur formation. "On prépare la ressource et on anticipe les départs à la retraite", affirme Hervé Soyer. À l'embauche, les ouvriers dans les métiers de bouche peuvent prétendre à un salaire entre 1800 et 1850 euros brut.

La filière agro-alimentaire n'est pas la seule à recruter. Charles Basset, vice-président de l'Ordre des experts-comptables des Hauts-de-France, peine à trouver des candidats : "Notre plus grand souci dans le métier, ce n'est pas de trouver des clients mais des collaborateurs." Selon lui, le métier est "méconnu" : "On a encore la vision austère de l'expert-comptable en costume derrière son bureau mais on fait surtout du conseil. Les PME n'ont pas les moyens d'avoir un avocat en interne alors elles font appel à nous. On donne des conseils sur la fiscalité, le management, le patrimoine, le financement. On est le co-pilote de l’entreprise."

Des jeunes en reconversion professionnelle

Autant de casquettes qui ont séduit Romain Bernard, 29 ans. Le jeune homme a choisi de se réorienter vers la comptabilité après une formation de tailleur de pierre. "Je me cherchais et j'ai été séduit par le métier de comptable", affirme celui qui est désormais apprenti au sein d'un cabinet à Beauvais. "La saisie de factures, c'est le stéréotype du métier de comptable. Or avec les avancées technologiques, c'est amené à disparaître. J’ai découvert que le métier était plus profond que ça. On aide réellement les entreprises à gérer leur trésorerie, leurs salariés, leur fiscalité. C’est ce côté de bras droit qui m’a plu."

Et à en croire Charles Basset, le vice-président de l'Ordre des experts-comptables des Hauts-de-France, la filière recrute. "Il y a énormément de boulot. Avec un an d'apprentissage, on a un métier à vie." D'après lui, il y aurait 10 000 postes en comptabilité non pourvus en France.  

À quelques semaines des congés d'été, les entreprises isariennes espèrent faire le plein pour la rentrée de septembre. Sur l'année scolaire 2019-2020, plus de 12 500 apprentis ont été formés dans les Hauts-de-France. C'est la région qui connaît la plus forte hausse des effectifs.

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