De jockey à maroquinier, il mélange les savoir-faire pour réinventer sans cesse la matière : "notre seule limite, c’est notre créativité"

Corentin Carnoy est un jeune entrepreneur de l'Oise avec des idées à revendre. À 27 ans, il dirige son propre atelier de maroquinerie qu'il a créé il y a cinq ans. Un univers qu'il a découvert à travers sa passion pour les chevaux.

Des cuirs exotiques et des pièces personnalisées. Les employés de l'atelier Carnoy travaillent avec une grande minutie et une précision absolue, à la main, pour les grandes marques du luxe français.

À 27 ans, Corentin Carnoy, formé chez Chanel, a osé le pari d'investir 500 000 € dans l'aménagement de son atelier. Une reconversion un peu forcée pour cet ancien cavalier d'obstacle. "Ma première passion quand j’étais enfant, c’était les chevaux. Mon premier contact avec la matière a été à travers les écuries. J’ai eu une période où j’ai eu des soucis de santé, au niveau du dos, qui m’ont obligé à me calmer un petit peu. J’ai un fait un stage en bourrellerie qui m’a permis d’apprendre à réparer l’intégralité du matériel qu'il y avait dans l’écurie."

Du moment où on sait travailler la matière, on peut en faire ce qu’on veut.

Corentin Carnoy, gérant des Ateliers Carnoy

Il entretient un rapport fort avec la matière. "Elle est très belle, très noble. Chaque peau est différente. Ce que j’aime dans ce métier et dans cette matière, c'est qu’à partir du moment où on sait travailler la matière, on peut en faire ce qu’on veut [...] notre seule limite, c’est notre pensée et notre créativité."

En plus de ce savoir-faire, Corentin a développé une fibre entrepreneuriale dès ses 18 ans. "Ça m’a permis de commencer à faire des salons professionnels, rencontrer des professionnels, m’immerger dans le milieu, me confronter au marché. Ça m’a permis de réfléchir sur plein de choses."

La réflexion s'est faite rapidement. Quatre ans plus tard, il décide à 22 ans de créer les ateliers Carnoy. En cinq ans, la société n'a cessé de grandir. "On a commencé dans le 95 dans un petit atelier d’une cinquantaine de mètres carrés." Aujourd'hui, l’entreprise évolue dans l’Oise, afin "d’avoir le parc machine" qui permet de "continuer à faire grossir la société".

Une société en pleine expansion

En ce début 2025, l'entreprise compte six employées. Parmi eux se trouve une précieuse recrue : Maëlys Dayre qui est la créative de l'équipe. Elle met à profit ses différents savoir-faire pour réinventer sans cesse la matière de base. "Je mélange la broderie, le tissage, la plumasserie au métier du cuir, donc la maroquinerie et la malleterie."

Elle prend en exemple le galon qu’elle travaille en lurex et en polyester. "Il y a deux types de cuir" associé. "Du cuir de saumon français et du cuir de vachette espagnole qui est repatiné à la main au sein des ateliers Carnoy pour ajouter des nuances de couleur".

Le résultat de ce travail en binôme est une première collection personnelle d'objets de décoration autour de l'art de vivre. On y trouve une malle à liqueurs ou un luminaire qui met en évidence "un gros travail de découpe", décrit Corentin Carnoy. Il y a "une surpiqûre au fil japonais bleu qui a tendance à bien prendre la lumière. Un travail sur deux tranches et de plumasserie pour apporter un petit peu de légèreté et de sensualité à la pièce."

Le 16 janvier prochain, les équipes présenteront leur création lors du salon professionnel Maison & Objet, à Villepinte. Les Ateliers Carnoy espèrent ainsi séduire des architectes d'intérieur, ou l'hôtellerie de luxe.

Avec Marie Roussel / FTV