Trois couteaux de 30 centimètres retrouvés dans une caisse de vêtements donnés par Emmaüs ont suscité un grand émoi à la prison de Beauvais et une réunion avec la direction pour établir un nouveau protocole de sécurité.
"À qui étaient destinées ces 3 lames ? Une prise d'otage était-elle en préparation ? Une émeute ? Ou pire encore : un attentat ?" Sur son site internet, le syndicat FO Justice de Beauvais imagine le pire, après la découverte de trois armes blanches "emballées et cachées" dans une caisse de linge. Selon le syndicat, "on s’est aperçu que ces armes étaient en possession des détenus des ateliers". Et de conclure : "FO Justice exige que toute la lumière soit faite sur cette affaire".
Contactée, la direction reconnaît la réalité de l'incident, le 2 mai dernier. Ces trois couteaux se trouvaient dans une caisse confiée par l'association "Emmaüs" à l'atelier de tri de vêtements installé au sein de l'établissement pénitentiaire pour faire travailler une dizaine de détenus. "En fin de matinée, explique Fayçal Boucenna, le directeur du centre pénitentiaire de Beauvais, le personnel de l'atelier a aperçu les couteaux et les a immédiatement saisis. Ils étaient de taille identique, avec une lame de 20 centimètres mais des manches (10 centimètres) de couleurs différentes. L'activité a été immédiatement suspendue. Le lendemain matin, nous avons procédé à une fouille généralisée, qui n'a rien donné".
Les couteaux étaient destinés aux détenus ? Fayçal Boucenna ne le croit pas : "Avec leurs lames en inox ces couteaux auraient sonné aux portiques de sécurité et nous les aurions de toute façon saisis avant que les prisonniers ne retournent dans leurs cellules. Il s'agit d'une erreur. "
"Emmaüs" aussi plaide l'erreur. Embarrassé, Laurent Lamarche, le directeur de l'association dans l'Oise explique : "Nous collectons un énorme volume de vêtements auprès des particuliers. Dans un colis, un donateur avait laissé des couteaux emballés dans du linge et nous ne les avons pas vus. C'est un défaut de vigilance que nous assumons, même si nous préférerions ne pas être associés à ce genre de problème".
Au lendemain de la découverte des couteaux, une réunion a été convoquée par le directeur de la prison avec les associations pour revoir les procédures de sécurité. Dorénavant, il y aura systématiquement trois phases de contrôles avant que le linge n'arrive dans la zone de tri. "L'incident est clos", assure le directeur d'Emmaüs. Fayçal Boucenna confirme que l'activité de tri devrait reprendre avec les détenus "dans les prochains jours".