L'entreprise de verrerie de luxe Saverglass, installée dans l'Oise, est accusée d'avoir utilisé les primes d'intéressement des salariés pour rembourser des dettes.
C'est Pascal Vallée, délégué syndical CGT, et employé de l'entreprise depuis plus de 25 ans, qui porte l'affaire devant la justice. Il porte plainte auprès du procureur de la République pour détournement de participation entre 2012 et 2015. En clair, il affirme que la direction de Saverglass a pioché dans les primes de participation, calculées sur la performance de l'entreprise, et reversées aux salariés. L'argent aurait été détourné pour rembourser les dettes d'une entreprise, basée aux Émirats Arabes Unis, qui appartient au groupe.
Appel à la négociation
D'après lui, 2,4 millions d'euros auraient été détournés, soit 600 euros par salarié. "On a suffisamment de preuves écrites pour aller au tribunal.", affirme-t-il. "On veut que les salariés récupèrent ces sommes qu'ils n'ont pas touchées." Ces documents seraient actuellement dans les mains de son avocat, qui ne les aurait pas encore transmises au procureur de la République.
Mais l'affaire pourrait bien se régler en interne. "On ne s'arrêtera pas tant que les salariés n'auront pas eu gain de cause", insiste le délégué. "Mais on est prêts à ouvrir le dialogue, et retirer la plainte, si on peut se mettre autour d'une table et négocier avec la direction."
La direction dément
Celle-ci n'a pas souhaité s'exprimer sur la situation financière de l'entreprise construite en 2011 au Émirats Arabes Unis et qui aurait bénéficié de cet argent, mais affirme qu'elle n'a rien à voir avec la baisse de la participation perçue par les salariés ces dernières années. D'après le président du conseil d'administration Loïc de Gromard, c'est la conjoncture économique qui explique la baisse de ces primes. Argument irrecevable pour Pascal Vallée. "Cette année, on nous annonce que les chiffres sont au beau fixe, qu'on a 20% de commandes supplémentaires par un de nos plus gros clients !"
Concernant la plainte de la CGT, la direction parle de "procédé infect" de la part d'un "syndicat minoritaire qui souhaite se faire de la publicité en vue des élections syndicales prévues au printemps."