Face à la recrudescence des agressions des sapeurs-pompiers dans l’Oise, le département investit dans la protection les professionnels : 152 caméras piétons, 238 gilets anti-lacérations et 39 caméras de vidéo-protection seront installées dans les centres de secours de l'Oise d’ici 2024.
Le 9 novembre, un pompier de Compiègne, en intervention lors d'une manifestation, est visé par un tir de mortier devant le lycée Mireille Grenet. Blessé, il est conduit à l'hôpital. C'est l'agression de trop. Selon Eric de Val Roger, président du service départemental d’incendie et de secours (Sdis) 60, 68 sapeurs-pompiers ont été victimes de 32 agressions en 2020 dans l'Oise. L'urgence est désormais claire : protéger les pompiers du département.
C'est dans cet objectif que le conseil départemental va investir dans des équipements de protection. Un plan d’investissement de 16 millions d’euros répartis entre la rénovation des 42 centres de secours du département et l’achat de nouveaux équipements. Soit 11 millions d’euros consacrés à la rénovation des casernes et 5 à l’achat de matériels et véhicules opérationnels (grandes échelles, camions citernes, bras articulés, véhicules d’assistance et drones). Le Sdis de l'Oise est le premier Sdis de France à adopter un tel plan de protection.
"Il faut protéger nos pompiers"
"L’Oise fait partie des dix départements qui comptent le plus d’agressions de pompiers. En cinq ans, 457 pompiers ont été impliqués comme victimes, précise Nadège Lefebvre, présidente du département. Cette situation ne peut plus durer". Pour assurer leur protection, les pompiers seront équipés de caméras piétons, similaires à celles utilisées par les forces de l’ordre. Ils pourrront ainsi filmer les interventions en cours et avoir des preuves en cas d’agression. Depuis fin 2020, 12 caméra piétons ont été achetées. En 2022, 152 autres seront à disposition des pompiers de l’Oise.
L’usage de gilets anti-lacération contre les attaques à l’arme blanche sera aussi généralisé : 238 unités seront à la disposition des centres de secours de l’Oise.
Généralisation de la vidéo-protection
En plus des équipements, le conseil départemental et le Sdis 60 prévoient d’accentuer le recours à la vidéo-protection. D’ici 2024, les 42 centres de secours seront équipés de caméras et raccordés au centre de supervision départemental (CSD). Une avancée pour le contrôleur général des pompiers Luc Corack alors qu'au soir du dimanche 17 janvier à Nogent-sur-Oise, des sapeurs-pompiers en intervention, ont été la cible de tirs de mortiers. "Pour des phénomènes comme hier soir, les caméras reliées au CSD permettraient d’évaluer la pertinence de l’intervention : classique, avec force de l’ordre, voire ne pas intervenir s’il n’y a pas de risque de propagation d’un feu de poubelle ou de voiture", explique-t-il.
Rassurer les pompiers professionnels et volontaires
D’après Luc Corack, le Sdis n’enregistre pas plus de feux de poubelles ou de voitures en 2020, cependant, "les pompiers font face à un phénomène nouveau de l’utilisation concertée de tirs de mortier à destination des sapeurs-pompiers, qui accentue un sentiment d’insécurité dans la profession". Un climat qui décourage notamment les sapeurs-pompiers volontaires, précise Eric de Val Roger, président du Sdis : "le phénomène d’insécurité peut freiner les pompiers volontaires, nous voulons les rassurer, le plan s’adresse aussi à eux". Le Sdis 60 compte aussi renforcer l’accompagnent des victimes d’agressions (analyse des agressions par un comité dédié, soutien psychologique pris en charge, etc) et systématiser les formations sur les violences urbaines.
L’Oise, département pionnier pour la protection des pompiers
Ce plan de sécurité pourrait servir d’exemple, d’après le président du Sdis 60 : "J’ai déjà beaucoup de collègues, présidents de conseil d’administration de Sdis qui me demandent de leur communiquer ce plan. Il deviendra vite un exemple". Face aux agressions des pompiers, le département de l’Oise est parmi les plus actifs. Il est l’un des premiers en France à avoir pris la décision de déposer plainte pour chaque agression de sapeur-pompier en intervention.