Les récentes annonces du ministère de l'Education nationale sur la réouverture de toutes les écoles à partir de ce mardi 2 juin ont fait réagir les maires de l'Oise. Si aujourd'hui 650 écoles sur 877 sont désormais rouvertes dans le département, certains maires demeurent encore frileux.
"L’école doit pouvoir reprendre, mais seulement si cela est fait dans l’intérêt réel des enfants, même temporairement d’ici à la période estivale, et pas à n’importe quel prix !"
Alain Vasselle, président de l'union des maires de l'Oise, ne cache pas son indignation après les annonces du ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer jeudi 28 mai. "Toutes les écoles rouvriront progressivement à partir du 2 juin", a-t-il annoncé dans le cadre de la deuxième partie du plan de déconfinement.
Ce mardi 2 juin justement, selon les chiffres du rectorat, 1480 sont ouvertes en Picardie (450 dans l'Aisne, 650 dans l'Oise et 380 dans la Somme), soit 80% des écoles.
Ceci étant, cette réouverture se fait au prix d'un protocole sanitaire toujours aussi contraignant. "L'objectif affiché par Jean-Michel Blanquer est d'accueillir davantage d'élèves ces prochains jours, précision étant faite que le protocole sanitaire ne sera pas allégé en juin !", déplore Alain Vasselle.
"C'est pire que dans les hôpitaux"
Et c'est bien cela tout le problème. "C'est pire que dans les hôpitaux !, lance Alain Frigiotti, maire sans étiquette de Courcelles-les-Gisors. Dans ma commune l'école date de 1867, ce sont des petites classes, on ne peut pas mettre en place ce type de mesures aussi drastiques.""Le protocole sanitaire est totalement délirant, renchérit Christophe Dietrich, maire sans étiquette de Laigneville. Dès qu'un enfant touche quelque chose, il faut le désinfecter. Un livre, s'il est touché il faut le laisser 3 jours de côté. Il faut que les écoles soient désinfectées deux fois par jour... Non mais vous imaginez ? Sans moyens supplémentaires, ce n'est pas possible."
"Des membres du corps enseignant le considèrent même comme susceptible d’être traumatisant pour les jeunes enfants. C’est un casse-tête indicible pour les maires et les enseignants", ajoute Alain Vasselle.
"C'est encore les maires qui vont tout prendre"
Dans certaines communes comme à Courcelles-les-Girors, l'heure n'est donc pas encore à la réouverture. "Que l'Education nationale me mette la pression je m'en fous, mais là c'est plus les parents et les enseignants qui poussent, confie Alain Frigiotti. Alors on va se réunir aujourd'hui et voir si on ne peut pas faire un test la semaine prochaine avec les primaires. Mais bon vous savez, je suis capable d'ouvrir le mardi et de fermer le vendredi si ce n'est pas tenable."Le maire de la commune de l'Oise redoute que sa responsablité soit engagée. "Si cela ne se passe pas bien, c'est encore les maires qui vont tout prendre, déplore-t-il, je trouve que le gouvernement fait n'importe quoi."
Une position partagée par le président de l'union des maires de l'Oise, qui appelle l'Etat à prendre ses responsabilités et demande "l'édition d’une circulaire d’application destinée aux mairies et aux enseignants."
Plus qu'une question de responsabilité, le maire de Laigneville attend des moyens supplémentaires. "Aujourd'hui la vraie question c'est de savoir si l'Etat est prêt à donner les moyens aux communes pour qu'elles puissent répondre à ses attentes, et clairement ce n'est pas le cas. Dès lors qu'un maire a fait une désinfection et qu'il dit qu'il n'a pas les moyens d'en faire deux, il ne pourra jamais être poursuivi. On a une obligation de moyen, pas de résultat."
Pas d'école à Laigneville, mais une garderie
Dans sa commune, Christophe Dietrich n'ouvrira pas les écoles avant septembre. En contre partie, il a trouvé une solution. "On a mis en place une garderie ouverte gratuitement de 7h à 19h. Là je peux garantir la sécurité sanitaire parce que je concentre tout mon personnel d'hygiène sur un même lieu et j'ai une plus grande capacité d'accueil, explique-t-il. Pour le moment, ça passe. J'ai pas agi tout seul dans mon coin, j'ai demandé aux parents d'élèves, et au préfet avant. Si aujourd'hui le préfet me donne l'ordre absolu de rouvrir, je rouvivrai. Mais je crois vraiment que ce n'est pas la bonne chose à faire."Pour le maire de la commune de l'Oise, l'objectif principal est en réalité d'assurer la garde des enfants. "Très vite on a compris que l'école était un faux problème, le vrai problème c'est de permettre aux parents de pouvoir retourner au travail, d'où l'idée de la garderie. Et d'un point de vue pédagogique, comme on est obligé de réduire l'effectif des classes, chaque élève aura 6 jours de classe d'ici les vacances d'été, ça n'a aucun intérêt", affirme-t-il.