L'activité d'une église de l'Oise perturbée par le trafic de drogue : "il y a eu des feux allumés devant la porte et des menaces"

Un point de vente de drogue s'est installé au pied de l'église Saint-Joseph de Creil, perturbant la paix du quartier. Progressivement, les menaces se sont accumulées à l'égard des prêtres. Deux personnes ont été interpellées et condamnées lundi 9 décembre.

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C’est sous ce préau de l'église Saint-Joseph de Creil que les faits se sont déroulés entre la mi-novembre et début décembre 2024. Un trafic de drogue sur le pas de la porte de l'église au milieu des immeubles du plateau Roher.

Frank Grigaux, directeur de la tranquillité publique à la mairie Creil, y voit un endroit parfait pour ce commerce, qui pour s'épanouir doit se faire à distance de la police : "C'est un quartier calme et apaisé. Le quartier ne fait pas parler de lui. Et puis, nous sommes sur un site avec un certain nombre d'axes entrants et sortants avec une visibilité dans plusieurs directions. On peut comprendre que ce site soit particulièrement intéressant pour s'implanter."

La cohabitation entre revendeurs et curés n'est pas restée calme très longtemps. Les prêtres ont été victimes d'intimidations verbales et parfois même physiques. L’un des prêtres est même menacé jusqu’à l’intérieur de sa voiture. La situation alerte rapidement le diocèse : "Il y a eu des feux allumés devant la porte, des menaces en disant 'on ne partira pas et si vous nous dénoncez, on peut en venir au meurtre'. Et puis à un moment, quand le prêtre partait en voiture, ils sont montés dedans et ils ont fait ce qu'ils voulaient avec la voiture avant de le laisser repartir pour son service de culte", témoigne le père Christophe Faivre, vicaire général de Beauvais.

Une activité exceptionnelle dans ce quartier 

Les habitants sont surpris. Jamais dans le quartier, l’église et son terrain n’avaient connu de tels incidents. Les faits seraient liés à des personnes qui viennent d'ailleurs, selon Noureddine Bougdaoua, le directeur du service de la jeunesse, prévention et médiation à Creil : "Les jeunes ne sont pas issus de ce quartier. Ils ne connaissent pas complètement le territoire et puis il y a un important roulement parce que ce ne sont jamais les mêmes".

Selon le médiateur, c'est précisément parce que ce ne sont pas des jeunes issus du plateau Roher que ces incidents n'ont pas pu être évités : "Vous avez 2, 3, 4 ou 5 jeunes qui sont là sur deux semaines et puis il y en a d'autres qui arrivent. Ça complique le dialogue avec la communauté catholique parce que le prêtre connaît la plupart des jeunes qui se regroupent ici et donc la communication se passe très bien. Surtout qu'ils sont dans la bienveillance. Connaissant les prêtes ici, on ne peut pas agir de la sorte avec des personnes si bienveillantes à l'égard de tout le monde."

Un conflit extérieur à la religion 

Nourredine Bougdaoua tient toutefois à mettre un terme aux rumeurs de conflit religieux : "Il n'y a pas de tensions religieuses ici. Pour preuve, le prêtre va régulièrement à la mosquée pour participer à la prière du vendredi. Et, il ne le fait pas qu'une fois. Il le fait régulièrement au long de l'année. C'est de la délinquance. Et puis, ça dépend de ce qu'ils ont consommé tout au long de la journée : parfois du cannabis avec du protoxyde l'azote et ils ajoutent même de l'alcool. Ils ne sont même plus dans leur état normal". Un constat partagé par les prêtres, mais aussi par la justice. 

La semaine dernière, deux des jeunes appartenant au trafic ont été interpellés et jugés en comparution immédiate par le tribunal de Senlis. Ils ont tous deux été déclarés coupables de tentative de vol, menaces de destruction dangereuse pour les personnes et menaces de mort sous ordre de remplir une condition. L'un a écopé d'un an de prison ferme et l'autre de quatre mois de prison sous bracelet électronique comme le révèle Loïc Abrial, le procureur de Senlis : "C'est une nouvelle illustration des nuisances que peuvent connaître les gens qui vivent à proximité des points de deal, mais il n'y avait aucun caractère hostile à l'égard de la religion dans les faits qui ont été commis".

Bien intégrée, la paroisse entend bien continuer à "être actrice de la vie sociale" du quartier. Le point de deal a disparu pour le moment, mais la police municipale et la police nationale vont néanmoins accentuer leur présence pour rassurer les habitants. 

Avec Naïm Moniolle / FTV 

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