La préfecture de l'Oise a décidé de passer la vitesse supérieure en matière de lutte contre la prostitution. Multiplication des patrouilles, sanction des clients, accompagnement des victimes. Les services de l'Etat passent à l'offensive pour décourager les "consommateurs".
Depuis une loi de 2016, le racolage n'est plus sanctionné. Ce sont désormais les clients qui sont la cible des autorités : pris en flagrant délit, un "consommateur" encourt une amende pouvant aller jusqu'à 6.500 euros
"Si on ne le prend pas sur le fait, on lui fait juste un rappel à l'ordre, précise un gendarme de la brigade de Noailles dans l'Oise, en lui expliquant qu'il ne vaut mieux pas qu'il revienne dans le coin."
"Casser le marché"
En 2018, une quinzaine de clients a ainsi été verbalisé.
Dans le département, la Préfecture a décidé d'intensifier la lutte contre la prostitution : les patrouilles de gendarmerie se multiplient et deviennent quotidiennes dans les secteurs prostitutionnels qui ont été précisément cartographiés. En général le long des axes routiers. Le but est évidemment de dissuader les clients de venir à la rencontre des prostituées.
"Si on tape sur le consommateur, explique le Colonel François Brémand, commandant du groupement de gendarmerie de l'Oise, on tape sur la demande. Le but, c'est de casser le marché."
Mise en place d'un parcours de sortie
Cette politique offensive est coordonnée par une commission départementale qui associe représentants de l'Etat et associations. Le but est de proposer aux personnes entrées en prostitution d'autres options de vie à travers le "parcours de sortie". Ce dispositif, prévu par la loi de 2016, offre à celles qui veulent quitter ce milieu une allocation de 330€ par mois, des aides au logement et à la formation, et si besoin un titre de séjour et des cours de français.
"Il y a toujours un réseau qui profite de la vulnérabilité des personnes qui sont entrées dans une logique prostitutionnelle, déplore Anne Baretaud, directrice de cabinet du préfet de l'Oise. Nous, on veut tendre la main à ces personnes prostituées et leur offrir un accompagnement".
Mais peu de prostituées ont souhaité avoir recours à ce dispositif dans l'Oise comme ailleurs. En France l'an dernier, l'Etat pensait accorder un parcours de sortie à 1000 femmes…. Elles n'ont été que 30 à le demander.