Élève de l'école de garde équestre d'Hirson, Natacha Duboeuf effectue des patrouilles quotidiennes sur la selle d'Orlando pour faire le lien entre les habitants de Pont-l'Évêque et les élus, pendant toute la durée du confinement.
Depuis le lundi 30 mars 2020, Natacha Duboeuf parcourt les rues de Pont-l'Évêque sur la selle d'Orlando.
Élève de l'école de garde équestre d'Hirson, la jeune femme met à profit la période de confinement pour passer à la pratique. Elle intervient en mission d'intérêt général à Hirson, dans l'Aisne et à Pont-l'Évêque, dans l'Oise.
"J'ai commencé ma formation pour être garde équestre début mars avec théorie le matin. À partir du moment où on a été en confinement, on a eu le maintien des cours en visioconférence, confie Natacha Duboeuf, mais pour la mise en pratique, c'était plus compliqué".
En accord avec son formateur, la jeune femme prend l'initiative de contacter des maires pour proposer ses services en tant que stagiaire bénévole.
Olivier Ghiri, maire de Pont-l'Évêque y voit aussitôt un intérêt pour sa commune.
"L'idée, c'est de veiller de façon préventive sur le respect du confinement mais c'est aussi un moyen de faire la liaison entre les personnes fragiles ou isolées de la commune".
L'élu remet alors à Natache Duboeuf, un listing d'une petite centaine d'habitants âgés de plus de 70 ans. À charge pour elle de les contacter et voir s'ils ont des besoins spécifiques, comme de fournir des attestations de sortie lorsqu'ils n'ont pas d'imprimante.
"Sur le terrain, ça s'est révélé utile, constate la garde équestre. Par exemple, il y a quelques jours, j'ai livré des médicaments à une dame qui avait très peur de sortir de chez elle et qui n'a personne pour les lui apporter".
Les horaires des patrouilles varient en fonction des besoins.
À la partie "aide à la population", s'ajoute celle de la vie des communes. Problèmes d'incivilité, de voisinages, détérioration de véhicules, le confinement est propice à ce genre de dégradations, même si à Pont-l'Évêque, le confinement est plutôt bien respecté.
"Je suis absolument en immersion sur le terrain"
Natacha Duboeuf remonte les informations aux autorités compétentes."Tout ce que je suis en train de faire actuellement, c'est le propre de mon métier. C'est à la fois de la prévention et de la médiation avec les gens. C'est vrai que le cheval est un vecteur à lui tout seul. Les gens engagent tout de suite la conversation. Par exemple, il y a une voisine qui m'a dit 'j'ai besoin de faire des courses' et une, un peu plus loin, qui me dit 'oh, je peux aider, je suis auxiliaire de vie, j'ai l'habitude'. Je mets en lien les gens".
"Il y a une dame qui attend le cheval pour le voir passer"
Au passage de la cavalière, les conversations vont bon train. Orlando est devenu en quelques jours l'attraction de la commune."Le cheval passe partout. On explore tout l'espace de la commune. On a le temps. On est en hauteur. Il y a un autre point de vue".
Ce cheval ibérique âgé de 17 ans, réside dans une ancienne grange. Il est soigné par un agent de surveillance de la voie publique (ASVP) du village, qui habite juste à côté. C'est un agriculteur local qui lui apporte du foin.
L'initiative porte ses fruits. D'autres communes envisagent la même mise en place, surtout celles qui sont en lisière de forêt.