De nombreux actes de violence envers des élus ont été constatés en ce mois d’octobre 2024. En Picardie, un habitant a été condamné pour outrage sur un maire, un député frappé et une permanence dégradée. Les élus appellent à davantage de protection par la loi.
"Lors d’une réunion de chantier, au mois de février, un administré s’est présenté, m’a invectivé et insulté devant tout le monde. J’ai déposé plainte", retrace Christophe Dietrich, Maire (SE) de Laigneville, commune d’environ 4 700 habitants dans l’Oise. Huit mois après, ce jeudi 24 octobre 2024, le tribunal de Beauvais a condamné l’habitant à une amende de 400 euros, avec sursis.
"Quand un maire va jusqu’au tribunal, ce n’est pas par plaisir. Moi, je n'ai pas envie d’accabler ce monsieur qui a été condamné" , se justifie l’édile.
Même si c’est une peine de principe, ça reste une reconnaissance, par la justice, que l’acte n’était pas admissible. Ça, c’est important.
Christophe Dietrich, Maire (SE) de Laigneville
"Moi, en tant que maire, je fais respecter la loi. Les gens peuvent être en désaccord. Par contre, s’attaquer à ma personne parce qu'ils n’ont pas eu gain de cause, ça devient problématique et de plus en plus récurrent."
Un nouveau texte législatif
Il y a bientôt une semaine, dimanche 20 octobre, Jocelyn Dessigny, député (RN) de l’Aisne, a été frappé à la sortie d’un magasin. Selon le Courrier Picard, son agresseur a été condamné à huit mois de prison avec sursis.
La veille, le 19 octobre, la permanence de David Magnier, député (RN), située à Clermont dans l’Oise, a été saccagée. L’élu a déposé plainte. De nombreux politiques, y compris des membres du gouvernement, ont réagi à cet acte de vandalisme.
Une loi, contre les violences envers les élus locaux, a été votée en début d’année. Le texte prévoit un arsenal législatif ainsi qu’une meilleure prise en charge des élus. Insuffisant pour David Magnier : "Aujourd’hui, il y a des textes. On dit toujours : des paroles, mais pas des actes. Ou les actes n’aboutissent pas et les peines votées ne sont pas assez lourdes."
De nombreux maires de l'Oise démissionnent
"La sanction judiciaire est importante", approuve Alain Vasselle, président de l’union des maires de l’Oise. "Il faut qu’elle soit exemplaire de manière que l'opinion prenne conscience que l’élu doit être respecté et que ceux qui sont tentés d’adopter ce type de comportement, y réfléchissent à deux fois."
L’Oise est le quatrième département français où les maires ont le plus démissionné depuis le début du mandat, en 2020.
Alain Vasselle, président de l’union des maires de l’Oise
Pour celui qui est aussi maire (LR) d’Oursel-Maison, la situation est préoccupante : "Dans une commune voisine de chez moi, le maire a été presque agressé physiquement. Un administré l'a pris par le colbac car la municipalité voulait faire respecter la dimension des chemins et planter des haies."
L'édile redoute une chute des candidatures pour les prochaines élections municipales, prévues en 2026.
Avec Laurent Pénichou / FTV