Sécheresse : quelles solutions pour lutter contre la chaleur et le manque d’eau dans les communes ?

La sécheresse s’accentue dans notre pays. Le département de l’Oise est placé en niveau crise. La pluviométrie des derniers mois n’a pas suffi à rehausser le niveau de la nappe phréatique. Pour autant, des solutions existent. Le maire de Bailleval et la communauté de communes du Liancourtois est pionnière en la matière.

Le maire de Bailleval, dans l'Oise, est bien décidé à préserver l’eau des sous-sols. Pour cela, il a mis en place plusieurs actions dans sa commune de 1 550 habitants. Pour nous prouver leur efficacité, il nous emmène dans le centre-bourg.

Revégétaliser et désimperméabiliser les sols

En contrebas, nous traversons un parc entièrement végétalisé où un groupe d’enfants, du centre de loisirs, profite de l’ombre pour jouer. Il est onze heures et le thermomètre s’affole déjà à plus de 30°C. "Avant, ici, il n’y avait qu’un terrain vague. Pas un arbre. Avec les élus, on a décidé de planter de nombreux arbres depuis deux ans pour avoir des endroits frais, surtout en période de canicule. Et là, vous voyez, les enfants en profitent," note Olivier Ferreira.

Prochaine halte : l’école dont la cour est entièrement recouverte de bitume. Seuls deux arbres, aux extrémités, permettent des petits coins d’ombre. "Il y a de nombreuses années, on a enlevé les arbres ici pour permettre aux enfants de courir et surtout de ne pas se salir. Et aujourd’hui, avec le changement climatique, on voit que c’est une hérésie. La réverbération est énorme et l’été, vous avez des températures extrêmes sur cet enrobé noir," regrette l’édile, qui est aussi professeur de mathématiques en BTS.

L’idée est de rafraîchir l’école mais aussi de permettre à la nappe phréatique de se recharger en eau de pluie

Olivier Ferreira, maire de Bailleval

Pour lui, l’urgence est de lutter contre ces îlots de chaleur et préserver la nappe phréatique, de plus en plus asséchées. "Nous allons désimperméabiliser le sol en supprimant ce bitume et tout revégétaliser. L’idée est de rafraîchir l’école, mais aussi de permettre à la nappe phréatique de se recharger en eau de pluie", explique Olivier Ferreira.

Pour la commune, il s’agit d’un enjeu majeur et une des premières solutions pour préserver l’or bleu. La communauté de communes du Liancourtois - Vallée dorée, dont le maire est président, a d’ailleurs décidé un réaménagement urbain avec des projets de désimperméabilisation de l’espace public, des cours d’école, des parkings, des rues. Cette technique de traitement des eaux de pluie à la parcelle a déjà été intégrée aux travaux réalisés à Liancourt, en 2022. Ces aménagements, qui laissent plus de place à la végétation, permettent une infiltration des eaux de pluie et donc une restitution au milieu naturel. Cela évite également une surcharge des réseaux qui génère souvent des inondations.

Une sécheresse historique

La sécheresse menace de nombreux départements de France. L’Oise a été placée en crise sécheresse au mois de juin et débit de la Brèche, rivière longue de 51 km, n’a jamais été aussi bas.

Le syndicat mixte, qui gère la rivière, est inquiet. "Les débits sont historiquement bas. En août 2022, on était au-dessus de ce que l'on observe maintenant. Sur la première quinzaine du mois de juin, on a relevé un débit de 830 litres par seconde. On devrait être à 1 500 litres par seconde. Les niveaux de la nappe sont très faibles et ils baissent vite. L’eau potable est pompée dans les sous-sols et si on ne fait rien, on risque une rupture de cette eau", insiste Erwan Menvielle, directeur du syndicat mixte du bassin versant de la Brèche.

Traquer les fuites d'eau pour protéger l'or bleu

Face à la baisse du niveau des eaux souterraines depuis quelques années, la communauté de commune du Liancourtois a adopté une stratégie d’économie d’eau, dès 2017. Et cela commence par la traque aux fuites sur le réseau de distribution.

Les compteurs des usagers volontaires sont désormais équipés d’une antenne, un télérelevé qui alerte en cas de fuite détectée. "Chaque jour, on peut être informé par le logiciel connecté aux récepteurs des abonnés de la moindre fuite dans leur logement. Nous pouvons ainsi le prévenir par SMS ou par mail. Ce sont souvent des fuites de chasse d’eau, de ballon d’eau chaude, de joints de robinets. Mais les fuites peuvent être très importantes si elles ne sont pas réparées et cela peut entraîner des coûts allant jusqu’à 4 000, 5 000 euros", explique Margaux Letourmy, responsable du service facturation eau à la communauté de communes du Liancourtois.

Une solution qui permet de larges économies sur la facture, mais aussi une diminution importante des pertes d’eau. La communauté de la Vallée dorée propose également une aide à l’achat, à hauteur de 50 %, d’un récupérateur d’eau de pluie et la distribution de kits économiseurs d’eau pour les robinets.

L’idée est de faire comprendre à monsieur tout le monde que prendre une minute de douche en moins suffit pour faire baisser de 10 % sa consommation d’eau.

Olivier Ferreira, maire de Bailleval

Pour aller plus loin, elle prévoit une tarification progressive de l’eau pour les professionnels et les particuliers avec des barèmes et des tarifs préférentiels pour les utilisateurs moins gourmands. "L’idée est de faire comprendre à monsieur tout le monde que prendre une minute de douche en moins suffit pour faire baisser de 10 % sa consommation d’eau. Cette baisse est facile à obtenir", affirme Oliveir Ferreira.

Concernant le partage de l’or bleu, Olivier Ferreira est convaincu qu’il ne doit pas être source de conflit. "Il est important que l'on évite d'opposer les usages et usagers : le monde agricole, industriel et les particuliers. Il faut faire preuve de sobriété de manière collective, se mettre autour d’une table et mettre en place des actions concrètes pour réduire nos consommations d’eau", conclut l’édile.

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