Honorine Yao est âgée de 43 ans, originaire de la Côte d'Ivoire, après la crise politico-militaire de son pays, elle obtient l'asile politique en France en 2010. Cette mère de famille a ouvert un garage de réparation automobile à Nogent-sur-Oise en 2017.
Honorine Yao est la preuve même qu'avec de la volonté et du courage on peut arriver à réaliser ses rêves. Originaire de la Côte d'Ivoire, elle a demandé le statut de réfugié en 2010. En France elle a dû reconstruire sa vie avec ses deux enfants, qui sont fiers de son parcours.
Une formation en mécanique
Cette mère de famille de 43 ans a fait une formation en hôtellerie dans son pays. Mais son rêve d'enfant était bien loin des activités que propose ce secteur. "La mécanique je l'ai appris sur le tas dans mon pays. En face de la maison de mes parents, il y avait une casse automobile avec beaucoup de mécaniciens. Je traversais la rue et j'allais les voir travailler. Puis un jour l'un des mécaniciens m'a demandé de démonter une pièce." C'est ainsi que Honorine a mis les mains dans le cambouis pour la première fois, et elle y a pris goût."Mon père n'a pas approuvé", se souvient Honorine, qui garde encore la trace sur son corps de la désapprobation de son père. "Quand il est décédé je suis repartie faire de la mécanique dans la casse, mais cette fois c'est ma mère qui n'approuvais pas, je l'entends me dire : c'est un métier d'homme, tu devrais plutôt te marier."
À la disparition de sa mère Honorine doit s'occuper de ses frères et sœurs, elle laisse sa passion pour la mécanique de côté pour un certain temps. Quatre ans après son arrivée en France, elle suit une formation de huit mois à l'AFPA de mécanicienne, son objectif est atteint, elle ouvre son garage à Nogent-sur-Oise.
"J'aime la mécanique, j'aime réparer"
"La première voiture que j'ai démonté en Afrique, c'était une Toyota Corolla", se rappelle Honorine. Et aujourd'hui aucune voiture n'a de secret pour cette mécanicienne passionnée.Ce qui la réjouit c'est de voir le sourire sur le visage de ses clients lorsqu'elle répare leur véhicule. "Les gens sont contents d'avoir un véhicule qui repart au bout de 30 minutes quand le problème est réglé", raconte Honorine. Pour l'instant elle conjuge son métier de mécanicienne dans son garage avec celui d'agent de sécurité incendie le soir. "Je répare en moyenne une vingtaine de véhicules par semaine."
Une image trop masculine du métier
Si les métiers n'ont pas de sexe, les clichés sont tenaces. Honorine veut démonter les préjugés car elle se souvient des stéréotypes qu'elle a entendu durant sa formation même si c'était dit sur le ton de la plaisanterie. Pour elle la femme a autant sa place qu'un homme dans un atelier mécanique. "Un monsieur est venu la dernière fois pour sa voiture qui était en panne. Quand j'ai voulu la pousser pour la rentrer au garage, il m'a dit : laissez, je vais le faire, c'est trop difficile. J'ai répondu que si je pouvais sortir un bloc-moteur toute seule, j'avais de la force pour pousser une voiture. À ce jour je n'ai pas eu de retours négatifs sur mes réparations. Je prends mon temps pour réparer une voiture, je ne me presse pas, pour un travail de 6 heures, je prends une heure de plus, je contrôle, je nettoie, tout doit être parfait. Les femmes sont plus minutieuses", poursuit-elle.
L'aventure continue
La mécanicienne ne compte pas s'arrêter à son garage, elle a d'autres desseins."Mon projet d'avenir et d'acheter un camion pour des réparations à domicile. L'idée est de me déplacer chez les gens ou sur le lieu de travail pour effectuer aussi bien des vidanges que des réparations".Honorine aimerait aussi participer à la féminisation du métier en formant des jeunes filles à la mécanique. "Pour moi la formation s'est bien passée car je connaissais déjà le milieu, mais pour les jeunes filles, je pense que c'est plus compliqué. Elles ont besoin d'être guidées. Il faut être déterminé et avoir du courage pour réaliser son rêve. Les gens pensent que la vie est facile."
Installé au 28 rue des Tillet à Nogent-sur-Oise, Honorine aide les plus démunis, elle effectue à titre gracieux une vidange par mois dans son garage solidaire pour certaines personnes. Aujourd'hui elle a un employé, un homme, et peut-être que demain elle sera à la tête d'un garage avec autant de mécaniciens que de mécaniciennes.