Un an après la fermeture d'un centre de rééducation pour enfants, des parents et des patients toujours sans solution

En mars 2023, le centre de rééducation pour enfants handicapés de Bois-Larris, dans l'Oise, fermait ses portes soudainement. Samedi 16 mars 2024, les parents des petits patients ont organisé un rassemblement devant l'établissement, pour manifester leur colère et leur incompréhension face à cette situation.

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Ewenn, neuf ans, est atteint de troubles moteurs depuis sa naissance. À Bois-Larris, où il était suivi jusqu'à la fermeture du centre en mars 2023, il pouvait utiliser le Lokomat, un exosquelette des membres inférieurs électromécanisé. 

"Ça permet d’apprendre à marcher", résume simplement le petit garçon. "Sauf que ça fait longtemps que je ne l'ai plus utilisé", observe Ewenn. Le Lokomat lui manque "un peu", concède-t-il.

Une fermeture soudaine en mars 2023

Ce samedi 16 mars 2024, un an après la fermeture subite du plus réputé des centres de médecine physique et de réadaptation pour enfants de France, des parents ont manifesté devant l'établissement situé à Lamorlaye, dans l'Oise.

Géré par la Croix-Rouge, Bois-Larris accueillait 1 500 enfants handicapés en hospitalisation ambulatoire ou en hospitalisation complète, jour et nuit. Il était doté de médecins spécialisés, d'enseignants, et d'équipements de pointe comme le Lokomat.

Ça fait un an que nos enfants sont sans soins, qu'ils n'ont pas vu de médecin, ni d'appareilleur. On se débrouille par nos propres moyens depuis un an, mais je ne sais pas quel est le problème. [...] Tout ce qu'on veut, c'est que nos enfants aient des soins.

Tifenn Daflon, maman d’Ewenn, anciennement suivi à Bois-Larris

"La Croix-Rouge ne veut rien entendre"

Ancien Lebensborn, pouponnière nazie d’enfants aryens, Bois-Larris fut légué à la libération  à la Croix-Rouge pour les enfants handicapés. Mais début 2023, des fissures grandissantes sur une extension motivent un arrêté municipal de péril imminent.

Bois-Larris, qui salarie 90 personnes, est fermé. L’ARS, qui le subventionne, réclame des travaux. La Croix-Rouge dit qu'elle n'a pas les moyens. Et depuis, rien n’avance.

On leur a proposé d'autres sites sur le territoire, juste à côté, pour faire reprendre au moins une activité partielle à la Croix-Rouge, pour que la confiance se réinstalle avec l'ARS. Mais aujourd'hui, la Croix-Rouge ne veut rien entendre.

Nicolas Moula, le maire LR de Lamorlaye

"Avec le recul, je m'aperçois que le bâtiment est toujours debout. Est-ce que tout ça n'a pas été un petit peu instrumentalisé ? C'est une question que je me suis posé", confesse l'élu. 

De nouveaux locaux disponibles dans le Val-d'Oise 

En mairie, samedi, le député Renaissance Eric Wœrth a reçu une délégation. Présent, Philippe Chanzy, conseiller municipal du Val-d'Oise, l’a trouvé à l’écoute. Il lui a soumis son projet : un repreneur potentiel, et de nouveaux locaux, mais dans le Val-d'Oise.

C’est ça le problème, lorsque vous passez de l’ARS Hauts-de-France à l'ARS Ile-de-France, les administrations sont toutes griffes dehors et ne veulent absolument pas s’entendre.

Philippe Chanzy, conseiller municipal du Val-d'Oise

"J'essaie par tous les moyens de résoudre les problèmes et de passer au-dessus de ce clivage", explique celui dont la petite fille de sept ans est une ancienne patiente de Bois-Larris.

Bois Larris n'est "pas une priorité pour les décideurs"

Des édiles haut placés débloqueront-ils la situation ? Les manifestants sont sceptiques, comme cette aide-soignante du centre, qui témoigne anonymement.

Le plan de licenciement a repris, on attend les négociations. [...] Aujourd'hui, on est dans l'acceptation du fait que la Croix-Rouge a décidé de fermer les portes du centre.

Aide-soignante de Bois-Larris

Elle a le sentiment que Bois-Larris n'est "pas une priorité pour les décideurs". Selon elle, "il y a trop de travaux" et "on préfère investir l'argent ailleurs". "L'hôpital des Jockeys [à Chantilly] est en difficulté depuis juillet dernier. Et en quinze jours de temps, ils ont pu trouver les fonds", remarque-t-elle, amère. 

Ni Eric Woerth ni la Croix-Rouge n’ont donné suite à nos sollicitations. Pendant ce temps, faute de suivi, c’est le handicap de centaines d’enfants qui risque de s'aggraver.

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