La communauté de communes Plaine d'Estrées s'est dotée d'une unité de traitement de l'eau. Celle-ci permet de filtrer les perchlorates, des molécules présentes dans les nappes phréatiques du territoire. Un investissement coûteux qui permet néanmoins aux riverains des économies d'équipement.
La communauté de communes Plaine d'Estrées (CCPE) a créé une unité de traitement de l'eau dernier cri, située à Longueuil-Sainte-Marie, dans l'Oise. Grâce à elle, l'eau du robinet est aussi bonne que l'eau en bouteille.
En tout, il a fallu 14 mois de travaux et 2,8 millions d'euros, cofinancés par la communauté de communes et le Département pour mettre en place ce projet d'envergure. Celui-ci dessert plus de 10 000 foyers entre la plaine d'Estrées et l'agglomération de Compiègne.
Éliminer le perchlorate
Ce système sophistiqué a un fonctionnement précis et millimétré. L'eau arrive d'abord depuis les forages, donc directement de l'extérieur, dans une bâche "eau brute". Ensuite, elle part sur les unités de filtration - par un système de canalisation - sur lesquelles l'eau passe à travers des membranes qui permettent d'enlever l'ensemble des molécules. Cela crée "de l'eau osmosée, déminéralisée, donc sans aucune molécule", explique Benjamin Normand responsable eau et assainissement de la CCPE.
Cette eau revient ensuite dans une deuxième bâche, qui est ensuite remélangée à l'eau brute "sur un mélange 50/50, c'est ça qui nous permet d'abattre 50 % des polluants qu'on a dans l'eau d'entrée, au niveau de cette unité de traitement", ajoute-t-il.
La filtration membranaire permet d'enlever des molécules, même celles de très petite taille. Initialement, cette unité a été créée pour éliminer le perchlorate, présent sur le territoire. Il s'agit d'une molécule "qu'on retrouve principalement dans les munitions de guerre à la base, on en a pas mal sur le territoire et ça a été transmis à la nappe [phréatique] par la pluie".
Mais ce n'est pas tout : ce système permet également d'abaisser la dureté de l'eau, la concentration de pesticides ou des nitrates. Le choix de ce type de traitement a aussi été fait pour diminuer les concentrations de nouvelles molécules qui, pour l'heure, "ne sont pas encore restrictives. Le jour où elles vont être amenées à être traitées, cette station est prête", note Francis Monfaucon, vice-président eau et assainissement de la CCPE.
"On avait quand même une restriction d'usage"
Auparavant, l'eau n'était pas impropre à la consommation. "Il n'y a pas de limite de qualité sur le perchlorate, il y a des recommandations de l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), poursuit Benjamin Normand. Sur le secteur de Longueuil, on conseillait de ne pas utiliser l'eau pour les femmes enceintes et les nourrissons, donc on avait quand même une restriction d'usage par rapport à ça".
Francis Monfaucon abonde en ce sens : "l'eau a toujours été potable, la qualité est améliorée en traitant le perchlorate et diverses molécules. L'eau a toujours été distribuée, sauf qu'à l'époque, elle partait des forages et de la station de pompage. Il y avait eu un traitement au chlore et c'était renvoyé directement dans les réservoirs, puis mis à distribution".
On cuisine sans aucun problème. Il n’y a plus de souci maintenant. Et même au niveau des machines, la consommation de sel est moindre. Vous voyez tout de suite qu’il y a beaucoup moins de calcaire dans les fours et même la machine à plonge.
Yann Esclavont, chef cuisinier
En somme, plusieurs bénéfices pour les consommateurs : distribuer une eau de qualité aux administrés, avec moins de calcaire, permet notamment aux habitants "d'avoir une protection au niveau de l'électroménager", des ballons d'eau chaude, mais aussi d'éviter "le traitement par moyen d'adoucisseur".
Les effets se voient aussi au niveau de l'alimentation. Le chef cuisinier, Yann Esclavont, a ressenti une différence dans la "douceur de l'eau" et sur son goût. "Avant, on ne pouvait quasiment pas ou peu la boire. Quand vous n'êtes pas du coin, vous goûtez l'eau et vous vous demandez où vous êtes arrivés. Il y a un réel changement".
Avec Naïm Moniolle / FTV