Pas-de-Calais : la chasse d'espèces "susceptibles d'occasionner des dégâts" est autorisée

La préfecture du Pas-de-Calais a autorisé ce jeudi 6 novembre la chasse de 10 espèces "susceptibles d'occasionner des dégats" en terres agricoles. Une dérogation réclamée par les chasseurs et les agriculteurs en pleine crise sanitaire. 

La préfecture du Pas-de-Calais a autorisé ce jeudi 6 novembre la chasse de dix espèces "susceptibles d'occasionner des dégâts" notamment de terres agricoles, malgré le confinement, une dérogation réclamée par les chasseurs et les agriculteurs.
   
Dans un communiqué, la préfecture indique ainsi que la "régulation" du sanglier, du chevreuil, du daim, du cerf Sika et de six espèces dites nuisibles (pigeon ramier, renard roux, corbeau freux, corneille noire, pie bavarde et rat musqué) est autorisée. Ces espèces chassables sont "susceptibles d'occasionner des dégâts, notamment aux productions agricoles et/ou forestières", explique la préfecture, précisant néanmoins que le maintien de cette "activité d'intérêt général" doit se faire "dans le respect des règles sanitaires".

Cet arrêté fait suite à la demande mercredi exprimée par la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) du Pas-de-Calais d'autoriser la chasse de 14 espèces dans le département, dont quatre non retenues par la préfecture: lapin de garenne, lièvre, faisan et étourneau sansonnet. 

La régulation de certaines espèces limitée "au struct minimum"

La secrétaire d'Etat à la Biodiversité Bérangère Abba avait affirmé dimanche et lundi que les dérogations au confinement accordées aux chasseurs pour permettre la régulation de certaines espèces seraient limitées "au strict minimum", évoquant les sangliers et les cervidés.

Le président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC) Willy Schraen avait cependant ensuite indiqué à l'AFP que ces dérogations pourraient concerner "6 ou 7 espèces", ajoutant notamment les lapins, lièvres, faisans et pigeons. Ce à quoi, interrogée sur cette hypothèse lundi lors d'une conférence de presse, Bérangère Abba a simplement répondu "non".

Dans la lettre envoyée par le ministère aux préfets, vue par l'AFP, il est toutefois précisé que ces derniers pourront autoriser des prélèvements de sangliers et de cervidés, mais aussi "exceptionnellement" d'autres espèces chassables qui pourraient provoquer des dégâts. Il s'agit de "répondre localement à l'impératif de couvrir un maximum de dégâts économiques", a expliqué jeudi le ministère à l'AFP.

De animaux pas "si nombreux que ça" pour justifier la chasse 

C'est une décision que conteste la Ligue de protection des oiseaux du Pas-de-Calais (LPO) dans un poste Facebook. Contactée, l'antenne explique que "les seuls animaux qui ont vraiment besoin de régulation, ce sont les sangliers, et encore, c'est de la faute des chasseurs s'il y en a beaucoup. Il faudrait confier cette tâche à l'office français de la biodiversité, par exemple, qui pourrait réguler en amont, sans attendre qu'il y ait trop de sangliers et les tuer".

La LPO du Pas-de-Calais dénonce aussi un élargissement progressif de la liste d'animaux autorisée à être chassée, "ils ont demandé les chevreuils, par rapport aux forêts, alors que ce n'est pas un problème essentiel, puis progresivement, ils ont allongé leur liste, et ont obtenu quasiment tout : lièvres, faisan d'élevage, etc."
 

Quand la chasse devient autorisée sous prétexte "de régulation"... L'arrêté préfectoral concernant les dérogations...

Publiée par LPO Pas-de-Calais sur Vendredi 6 novembre 2020

L'antenne départementale affirme que les autres animaux de la liste ne sont pas "si nombreux que ça" pour justifier une autorisation de chasse. Elle souligne également le "décalage" entre "les français confinés" et les "chasseurs qui ont l'autorisation de s'adonner à leur loisir", avec un risque "de transmission du virus entre eux". 

De son côté, le porte-parole au niveau national de La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), Yves Vérilhac, tout en s'étonnant "du zèle de l'administration qui veut autoriser la chasse le plus vite possible", a toutefois salué "la circulaire ministérielle qui interdit la chasse de loisir", et mis en garde contre "l'irresponsabilité de certains responsables cynégétiques qui veulent contourner l'arrêté ministériel".
 
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