1 500 en Grande-Bretagne, aucune en France ! Les salles de change étaient un concept inconnu dans l’hexagone encore très récemment. Pour la première fois, deux villes s’en sont dotées : Nancy et Arras.
C’est un projet qui lui tenait à cœur. Sonia Allaouani est mère d’un enfant polyhandicapé de 10 ans. Alors quand cette Arrageoise découvre le concept anglo-saxon d’handyroom - une pièce où une personne à mobilité réduite peut se changer en toute intimité - elle se démène pour en faire la promotion.
Sa proposition au budget participatif de la ville est retenue : l’une des premières salle de change en France vient d’être aménagée dans l’Hôtel de ville, place des Héros, proche de tous les commerces et de la plupart des événements culturels de la cité.
"Il m’est arrivé de le changer à la vue de tous…"
"Je me retrouve souvent dans la galère quand je sors avec mon enfant", raconte Sonia Allaouani. "Malgré son lourd handicap, nous continuons de sortir, de voyager, de prendre l’avion, d’aller au musée, dans les concerts, un peu partout. La plus grande difficulté, c’est que les enfants, comme les adultes handicapés, portent tous des protections, qu’il faut changer régulièrement." Or les toilettes pour personnes à mobilité réduite sont trop petites pour des handicaps lourds. "Comment changer mon fils qui mesure 1,30 m et pèse 25 kg sur une table de bébé qui n’en supporte que 15 ?", demande Sonia Allaouani. "Il m’est arrivé de le changer dans mon coffre de voiture ou même, pendant un départ en vacances, sur une aire d’autoroute, à la vue de tous… ".
Alors quand sur les réseaux sociaux, cette maman découvre l’existence des handyrooms, ces grandes salles d’eau aménagées avec un rail pour permettre aux personnes handicapées d’être soulevées de leur fauteuil jusqu’à la table, pour se changer, elle se bat pour que son projet soit retenu lors du budget participatif.
Trois autres salles de change vont être aménagées
"40 000 € ont été alloués à ce projet qui a reçu le premier prix dans la catégorie action sociale", souligne Sylvie Noclercq, élue arrageoise, conseillère à l’action sociale. "Je suis intervenue dans le choix de l’Hôtel de Ville pour sa construction. La salle de change se situe au rez-de-chaussée. Elle est accessible, non seulement aux personnes en situation de handicap, mais aussi aux personnes âgées qui ont des problèmes d’incontinence".
Une avancée indéniable pour les droits des personnes handicapées, selon Sonia Allaouani. "C’est important de leur rendre leur citoyenneté", explique-t-elle. "Aller aux toilettes, ça devrait être un droit pour tous les citoyens, le droit de pouvoir se changer dans un endroit à l’abri des regards. Ça leur rend leur dignité et ça nous permet à nous aidants de sortir plus, de profiter de la vie. Par exemple, si j’ai envie de me faire une balade dans la ville de Arras et un resto, je peux le faire parce que je peux aller changer mon enfant en toute sécurité." Et d’ajouter : "pendant le confinement, quand tout était fermé, les bars comme les restaurants, on a tous cherché des toilettes. Voilà, c’est ce que je vis 24 heures sur 24, 365 jours par an, avec mon fils".
Trois autres salles de change sont prévues en ville, dont une, mobile, qui pourra être installée partout, pendant les grands événements culturels notamment.