La ville d’Arras a annoncé que ses employées pourraient désormais bénéficier d’un congé menstruel, sur l’avis d’un médecin. Une décision “bienveillante” et “naturelle” pour faciliter la vie des femmes.
Un congé menstruel pour “veiller à ce que les hommes et les femmes soient traités de manière juste”, explique Frédéric Leturque, maire d’Arras. Les salariées de la municipalité pourront désormais se reposer en cas de règles douloureuses. Pour l’élu, l’initiative fait écho au “travail sur l’égalité homme-femme” qui fait partie des engagements de la ville.
Envoyer un message de bienveillance aux femmes
Pour bénéficier de ce congé, il faudra passer par un médecin, comme pour un arrêt de travail classique. “Il faut faire confiance aux femmes et elles sont capables de dire si elles sont en capacité d’aller au travail ou pas”, estime le maire. Il n'y aura pas de jour de carence et donc pas de perte de salaire. La mesure prend effet dès maintenant.
“Cela consiste simplement à prendre en compte des difficultés que peuvent rencontrer les femmes, qui, faute de pouvoir prendre un congé, doivent se rendre au travail dans des conditions difficiles”, explique Frédéric Leturque. Objectif : envoyer un message de bienveillance aux femmes qui travaillent ou voudraient travailler pour la collectivité. “Pour éviter qu’elles renoncent ou se mettent en retrait”.
On l’a fait dans un esprit d’intérêt général et de cohésion sociale.
Frédéric Leturque, maire d'Arras
Le maire l’affirme : la démarche n’était à l’origine ni féministe ni revendicative. “Pour moi, c'était totalement naturel”. “On l’a fait dans un esprit d’intérêt général et de cohésion sociale”, explique-t-il. Ce congé menstruel a été bien reçu par les employé·es de la municipalité, et même au-delà. Frédéric Leturque raconte qu’il a reçu, à sa grande surprise, des félicitations de la part d’un maire d’une petite commune du Pas-de-Calais : “le maire m’a dit qu’il voudrait en faire autant et que c’était bien qu’on montre l’exemple”.
Une proposition de loi des députés écologistes
Le congé menstruel est actuellement un sujet de débat à l’échelle nationale. Fin mai, les députés écologistes Sandrine Rousseau, Sébastien Peytavie et Marie-Charlotte Garin ont déposé à l'Assemblée nationale une proposition de loi en faveur de son instauration. Tel qu’il est présenté dans le texte, ce congé menstruel pourrait aller jusqu'à treize jours ouvrés par an. Il sera "exempt de jours de carence" et "intégralement pris en charge par la Sécurité sociale". Les élus proposent également le recours au télétravail en cas de douleurs menstruelles.
Cette année, la ville d’Abbeville, dans la Somme, avait émis elle aussi l’idée de proposer un congé menstruel à ses employées. La sous-préfecture s'y est opposée, car aucun texte de loi n'encadre pour l'instant cette disposition. “Une erreur”, pour le maire d’Arras. “Si une telle résistance survenait dans le Pas-de-Calais, je saurais m’y opposer.”