Plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées vendredi 8 septembre 2017 devant l'Assemblée nationale pour demander l'abandon de la nouvelle formule du médicament pour la thyroïde Levothyrox, qu'elles accusent de provoquer d'importants effets secondaires.
Crampes, maux de tête, vertiges, perte de cheveux... Depuis sa mise en service en mars, la nouvelle formule du médicament pour la thyroïde Levothyrox provoqueraient de nombreux effets secondaires. Selon l'ANSM, elle fait l'objet de 5 000 déclarations d'effets indésirables.
220 signatures
Vendredi 8 septembre, plusieurs dizaines de patients se sont réunis devant l'Assemblée nationale, à Paris, pour demander l'abandon de cette formule. Parmi eux, Sylvie Robache. Originaire d'Arras, elle a lancé une pétition en ligne en juin dernier. Elle dépasse actuellement les 220 000 signatures.
Pétition : Contre le nouveau Levothyrox dangereux pour les patients !
Pour les très nombreuses personnes qui sont obligées de prendre du Levothyrox, un important problème se présente. En effet, les laboratoires ont décidé de changer certains excipients et il en résulte que trop de patients ne supportent pas le nouveau Levothyrox, ils ressentent d'importants effets secondaires.
"Je suis moi-même concernée car j'ai été opérée d'un cancer de la thyroïde en 2016, et j'appréhende grandement d'avaler ce nouveau médicament", écrit-elle. "J'ai décidé de lancer une pétition après avoir lu tous les témoignages de patients souffrant d'effets secondaires et ne sachant plus à quels saints se vouer."
"On n'est pas des cobayes"
A quelques pas de l'Assemblée nationale, elle assure qu'elle "ira jusqu'au bout", refusant d'être un "cobaye". Dans l'après-midi, elle doit rencontrer la ministre de la santé, Agnès Buzyn, aux côtés de Chantal L'Hoir, fondatrice de l'Association française des malades de la thyroïde (AFMT). "On va demander de débloquer en urgence les stocks (de l'ancienne formule, NDLR) qui existent en Allemagne et en Belgique", explique cette dernière.
L'association, soutenue par l'avocate et ancienne magistrate Marie-Odile Bertella-Geffroy, est bien décidée à porter l'affaire devant la justice. "J'ai été contactée par la présidente de l'AFMT pour déposer une plainte auprès du parquet du pôle de santé publique. Nous allons mettre en cause dans cette plainte contre X les autorités sanitaires et le labo".
De son côté, le laboratoire Merck Serono et les autorités sanitaires affirment que les effets indésirables ressentis par certains patients sont transitoires car dus aux questions de dosage, et vont s'estomper quand le bon équilibre sera atteint pour chaque patient.
Comprendre la crise du Levothyrox en trois questions :
Qu'est-ce que le Levothyrox?C'est un médicament pour la thyroïde, dont le principe actif est une hormone de substitution, la lévothyroxine. Il est utilisé dans les hypothyroïdies (insuffisance de sécrétion, voire absence, de la thyroïde) ou quand il faut freiner la sécrétion d'une hormone stimulant la thyroïde. Cette glande située à la base du cou est un organe essentiel, qui régule de nombreuses fonctions du métabolisme. Son fonctionnement est complexe et la précision du dosage du produit est cruciale dans le traitement des maladies thyroïdiennes. Dans le jargon médical, le Levothyrox est un médicament "à marge thérapeutique étroite": l'écart entre la dose efficace et la dose néfaste est faible, d'où l'importance d'un bon dosage.
Pourquoi une nouvelle formule?
C'est l'Agence du médicament (ANSM) qui l'a réclamée en 2012 au laboratoire Merck Serono afin, selon elle, de rendre le produit plus stable. Avec l'ancienne formule, la teneur en lévothyroxine pouvait en effet varier d'un lot à l'autre, voire au sein du même lot avec le temps. Le changement de formule ne porte pas sur le principe actif mais sur d'autres substances qui entrent dans la composition du médicament, les excipients. Par exemple, le lactose a été remplacé par le mannitol, très courant dans l'alimentation et d'autres médicaments.
Quelle alternative ?
Un retour à l'ancienne formule est exclu, ont prévenu le ministère et le labo. Mais "il est important d'ouvrir le marché à d'autres marques, notamment à des génériques", juge Agnès Buzyn, car le Levothyrox est en situation de quasi-monopole en France. Un seul produit de substitution existe, le L-Thyroxine, sur lequel certains patients se sont rabattus.