Dans le Nord, le Pas-de-Calais et la Somme, 750 javeloteux pratiquent le javelot tir sur cible, soient la quasi-totalité des licenciés français. Un sport qui se pratique avec un javelot d'une quarantaine de centimètres lancé à la main sur une petite cible située à 8 mètres.
A l'origine, ce javelot est une arme qui date du XIIe siècle. Mélange de lance et de flèche, il se compose de la pointe de la lance et de l'empenne ou plumet (partie avec les plumes pour stabiliser le vol) de la flèche.
Le jeu au départ serait apparu en Champagne, puis dans les Flandres et dans l'Artois où les mineurs jouaient après leur journée de travail, dans les cafés. Depuis 1984, une fédération française existe. Elle avait pour ambition, la pétanque étant venue du sud au nord, de faire le chemin inverse, en allant développer le javelot tir sur cible dans toute la France.
Malheureusement, la fédération, qui comptait encore quelque 2 500 licenciés en l'an 2000, voit le nombre d'adhérents fondre comme neige au soleil. Il en reste 750 aujourd'hui. "Les mairies ferment les salles les unes après les autres. Tous les ans nous perdons deux ou trois salles, c'est-à-dire une cinquantaine de joueurs. A Frévent ou à Saint-Laurent-Blangy, à Lille, à Nuncq-Hautecôte, à Béthune où on avait deux clubs, les salles ferment pour des questions d'amiante, de vente de terrain privé, de projet de futsal etc. Et à chaque fois, il n'y a pas de nouveaux locaux mis à disposition. Si bien qu'aujourd'hui, il reste une soixantaine de clubs dans le Nord, le Pas-de-Calais et la Somme", explique Didier Hay, président de la fédération française de javelot tir sur cible, créée en 1984 pour des questions de subventions et d'organisation des compétitions.
Pour mon test, je suis allé à l'ASPTT Arras, club d'une trentaine d'adhérents avec sa salle composée d'une demi-douzaines de cibles et de quelques centaines de coupes exposées sur les quatre murs de la salle. Ici, on joue, bien sûr, mais on pense compétition également. Et pour cause, Jean-Pierre Cappe, président du club, qui nous accueille, est l'un des deux joueurs français les plus titrés. Avec un lanceur de javelot de Liévin, Jacques Bon, ils sont les seuls à détenir une médaille d'or de la fédération. Excusez du peu, c'est le signe qu'ils ont gagné au moins une dizaine de fois le championnat de France, la Coupe de France et une dizaine de compétitions fédérales également.*
Le sport se joue en individuel, en doublette et en triplette, comme à la pétanque. En général, on lance deux javelots à chaque tour. Avec un pas d'élan ou pieds joints, comme on préfère.
Pour mon premier lancer, après une démonstration et quelques conseils de Jean-Pierre, je dirais qu'il m'a fallu d'abord jauger la distance de 8 mètres me séparant de la cible. Mon premier javelot -trop court- retombe dans la mousse (utilisée pour ne pas abimer les pointes des javelots qui retombent) au pied de la cible. Mon deuxième javelot -trop fort- se plante bien au-dessus de la cible, dans le support en bois. Ca commence bien !
Agilité ? Chance du débutant ?
Je suis agréablement surpris en revanche par mes deux lancers suivants. Chance du débutant ? Rapport distance / poids du javelot déjà enregistré ? Je mets un javelot dans la partie rouge (la plus extérieure) de la cible, ce qui correspond à un point. Satisfait, je prends confiance et me dit que je vais pouvoir marquer quelques points lors d'une partie. Mais la partie blanche de la cible, au centre (deux points), restera inaccessible pour moi.
Adresse et concentration
"Ce qui m'intéresse, même si je le ressens moins qu'avant, c'est l'influx du mental, de l'envie de gagner, de bien faire, et sa canalisation, sa transformation en adresse, agilité au moment du lancer", explique Jean-Pierre, qui se sert de la relaxation pour mieux performer.
Vivement intéressé par ses propos, je décide de les mettre à exécution lors d'une triplette (trois contre trois avec, en plus, un arracheur dans chaque équipe pour décrocher les javelots des cibles et les ramener aux tireurs).
Mais comme chacun le sait, l'enfer est pavé de bonnes intentions. Et avec mes lancers, mon équipe va souffrir : je ne mettrai aucun point avec 20 javelots lancés ! Pas glorieux... L'équipe adverse et mon équipe auront beau m'encourager quand je frôle la bague extérieure, ça ne rentrera pas. Philippe, Françoise et Véronique (avec André comme arracheur) l'emporteront donc aisément contre Michel, Jean-Pierre et moi (et Lou comme arracheuse).
Où s'inscrire dans les Hauts-de-France ?
La liste vient de la fédération française de javelots tir sur cible. Elle se compose d'une cinquantaines de clubs, tous situés dans le Nord, le Pas-de-Calais et la Somme. Voici les communes concernées.
* Chaque compétition remportée rapporte dix points, il faut au moins 300 points pour une médaille d'or de la fédération.